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jeudi, 26 mai 2011

Jean Parvulesco sur la Turquie (2003)

Archives Jean Parvulesco (2003)

 

Jean PARVULESCO:

La Turquie, avant-garde de l'action secrète de l'Al Qaïda en Europe

 

Pour moi, l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, ce serait la fin de celle-ci.

Valéry Giscard d'Estaing.

 

jean parvulesco.gifCe n'est pas parce que l'on se tient, comme nous le faisons nous autres, totalement aux côtés des peuples palestinien et irakien actuellement menacés de génocide par la "conspiration mondialiste" des Etats-Unis et de ce que se tient derrière celle-ci, que l'on ne doit pas moins totalement être, en même temps, contre les grands desseins subversifs de l'Islam fondamentaliste en action. Et on ne peut quand même pas nier le fait que, de tous les chefs d'Etat européens actuellement en fonction, Silvio Berlusconi soit le seul qui, au nom de l'Italie, ait dit de l'Islam fondamentaliste tout ce qu'il fallait dire, ni qu'en chaque occasion il ait ouvertement pris le parti de rappeler et de soutenir la nécessité incontournable de l'intégration de la nouvelle Russie de Vladimir Poutine à part entière —politique, militaire, économique et culturelle— dans l'Union Européenne.

 

Des récents événements décisifs dans leur affirmation et dans leurs conséquences immédiates viennent de confirmer d'une manière dramatique l'urgence extrême de l'ensemble des options politico-stratégiques à faire nôtres, contre les ingérences européennes subversives en cours de se préciser de la part de l'Islamisme fondamentaliste, à travers ses avancées en Turquie, et pour l'intégration inconditionnelle de la Russie au sein de l'Union Européenne. Quels sont ces récents événements? Avant tout, le glissement de la Turquie  —pour le moment quelque peu dissimulé encore—  vers l'islamisme fondamentaliste à travers l'arrivée au pouvoir à Ankara du AKP, le "Parti de la Justice et du Développement" de Recep Tayyip Erdogan, et l'entrée, donc, de la Turquie dans la sphère d'influence de l'Al Qaïda d'Oussama Ben Laden. Et de par cela même, l'extraordinaire danger représenté pour l'ensemble du continent européen par les projets en cours concernant l'admission  —tout à fait prochaine—  de la Turquie au sein de l'Union Européenne.

 

Les choses importantes se passent toujours dans l'ombre, aujourd'hui comme hier. Il est grand temps que l'on s'en rende compte, il y va de notre survie même.

 

Un Hiroshima politique s'est produit en Europe, le 3 novembre dernier, dont personne ne semble s'en être encore aperçu : la prise du pouvoir conspirative, à Ankara, exécutée sous des apparences démocratiques fallacieuses, par les tenants visibles et invisibles du parti soi-disant "islamiste modéré" de Recep Tayyip Erdogan. En réalité, il s'agissait d'une opération subversive "finale", absolument décisive, à l'échelle grande européenne continentale, menée dans l'ombre, en relation directe avec l'organisation conspirative islamiste planétaire d'Oussama Ben Laden, Al Qaïda.

 

S'étant emparé, alors qu'il n'était que maire de Constantinople, de l'appellation diversionniste du soi-disant "islam modéré", Recep Tayyip Erdogan, personnage secret et essentiellement ambigu, a depuis toujours promu, pratiqué et confidentiellement représenté la ligne clandestine la plus dure de l'islam extrémiste et très activement conspiratif, appartenant à la mouvance panturque engagée dans le long processus subversionnel ayant finalement abouti à la prise du pouvoir politique total du 3 novembre dernier.

 

Car, dans la perspective de la future admission de la Turquie au sein de l'Union Européenne, les plans stratégiques d'ensemble de la subversion islamiste planétaire, représentée actuellement par l'Al Qaïda, se sont trouvés brusquement changés : le centre de gravité politico-stratégique de l'action islamiste révolutionnaire étant déplacé depuis l'Asie sur l'Europe, et la Turquie devenant ainsi la plaque tournante opérationnelle de ce changement. Désormais, tout se passera en Turquie.

 

Il s'agit, en fait, d'un changement total de la "ligne géopolitique" de l'Al Qaïda, dont l'objectif stratégique fondamental apparaît donc comme étant celui d'engager la bataille pour l'investissement islamique final de l'espace intérieur géopolitique européen dans son ensemble : Europe de l'Ouest, Europe de l'Est et Russie. L'Europe en venant donc, ainsi, à être déclarée "terre de guerre sainte", nouvel espace du "Grand Jihad" islamiste en action vers la réalisation du "Khalifat final", englobant, en dernière analyse, les Etats-Unis eux-mêmes.

 

La base d'implantation fondamentale, du départ et du déploiement politico-stratégique des futures offensives islamiques en Europe se trouvera ainsi située dans le Sud-Est européen, à partir de la Turquie et des territoires islamistes européens d'Albanie, de Bosnie, du Kosovo et de la Macédoine, ainsi que, en même temps, à l'intérieur de chaque pays européen comprenant en son sein une importante colonie islamique. Dont, notamment, l'Allemagne et la France.

 

"Quoi de plus normal qu'un islamiste allemand puisse vouloir qu'un jour il vive dans une Allemagne islamique", titrait, ces derniers jours, la presse turque de Berlin.

 

Le concept d'"Allemagne islamique" vient donc d'être lancé : il va bientôt être question du concept d'"Europe islamique".

 

A ce propos, il ne faut pas oublier qu'Oussama Ben Laden est déjà allé "inspecter" les colonies islamiques d'Albanie et de Bosnie, et que, suivant les services secrets de Belgrade, il serait allé clandestinement jusqu'en Allemagne, notamment à Berlin.

 

L'Europe a donc été choisie comme le futur champ de bataille de la grande guerre sainte de l'Islam, de son "Grand Jihad" des prochaines années à venir. Les dés de fer d'un nouveau destin dramatique pour l'Europe ont été jetés.

 

Laissant les combats d'Asie aux soins de ses fondés de pouvoir clandestins, le mollah Omar et Abdel Azim Al-Mouhajar, Oussama Ben Laden et les infrastructures occultes de l'Al Qaïda vont bientôt s'installer quelque part dans le Sud-est européen, d'où seront dirigées les opérations offensives révolutionnaires et les actions terroristes de l'"Internationale islamique", engagée dans l'investissement subversif et la conquête politique finale de l'Europe grande continentale.

 

En même temps, le flanc méridional de la Russie  —la chaîne des anciennes républiques musulmanes soviétiques—  constituant le domaine réservé à la Turquie  —ce que, d'ailleurs, elles sont déjà—  verront les ingérences de moins en moins clandestines de la Turquie s'intensifier au maximum, alors que la Tchétchénie fera figure, en l'occurrence, par rapport aux actuelles entreprises offensives islamiques d'envergure européenne grande continentale, à ce qu'avait été la guerre nationale d'Espagne à la veille de la dernière guerre mondiale.

 

Soit crétinisme congénital d'une civilisation irrémédiablement destituée, soit haute trahison concertée, soit les deux ensemble, c'est aussi le moment précis où l'ensemble des actuels gouvernements démocratiques de l'Union Européenne, ainsi que l'ensemble de la grande presse et des médias européens  —de gauche et de droite—  s'acharnent plus que jamais  —comme Le Figaro, Le Monde, Le Courrier International, etc., toutes les radios et les télévisions d'Etat ou privées—  à très ouvertement soutenir les positions pro-islamistes des gouvernements irresponsables en place. Et cela non seulement en ce qui concerne le problème de l'admission de la Turquie au sein de l'Union Européenne, mais encore et surtout en entretenant d'une manière de plus en plus exacerbée un climat d'hostilité ouverte, et provocatrice très à dessein, à l'égard des engagements contre-terroristes de la Russie de Vladimir Poutine en Tchétchénie, où les forces armées de Moscou combattent, héroïquement, à l'avant-garde de l'Europe assiégée, l'islamisme tchétchène aux ordres de ses commanditaires dans l'ombre de la ligne d'Oussama Ben Laden.

 

Si rien n'est entrepris pour faire cesser abruptement cet état suicidaire des choses, pour faire prendre conscience à l'Europe dans son ensemble des plans d'investissement politico-stratégique en profondeur poursuivis à son égard par les dirigeants occultes de l'"Internationale Islamique", il sera bientôt  —très bientôt— trop tard pour tenter réellement d'endiguer, et de refouler les déversements dévastateurs des masses islamiques déjà en marche suivant les programmes prévus à cette fin.

 

Car il est certain, à présent, que l'"Internationale Islamique" conspirativement menée par Oussama Ben Laden a déjà déclaré une guerre religieuse et raciale, une guerre politico-historique totale à l'Europe, et que si elle ne se mobilise pas contre-offensivement de toute urgence, l'Europe disparaîtra en tant que telle, à terme, de l'histoire du monde : le travail obstiné, pathologique, abyssal de l'Islam pour la conquête et la soumission de l'Europe, sans cesse repris depuis des siècles, risque fort cette fois-ci d'aboutir à ses fins ultimes.

 

Ce qu'il faut avoir à l'esprit, c'est surtout le fait que l'offensive islamiste fondamentale contre l'Europe ne se fera pas depuis l'extérieur, mais de l'intérieur même de nos propres lignes, que le ver est déjà dans le fruit.

 

Ce sont les Etats-Unis et Israël qui font tout pour soutenir en force la Turquie, et c'est le régime socialisto-trotskiste de Gerhard Schröder et Joschka Fischer qui, aujourd'hui, en Allemagne, poussent avec un acharnement plus que suspect à l'admission de la Turquie dans l'Union Européenne.

 

Il faut donc que, par tous les moyens, nous entreprenions de combattre l'équipe subversive de traîtres actuellement au pouvoir à Berlin, que nous nous engagions à provoquer à brève échéance le renversement du régime socialisto-trotskiste de Gerhard Schröder et Joschka Fischer et le remplacement de celui-ci par le front national allemand et européen d'Edmund Stoiber et de sa coalition contre-stratégique pour le renouvellement de l'être profond de l'Allemagne et de ses destinées à venir.

 

C'est ainsi que, ces derniers jours, le Welt am Sonntag invitait les Allemands à se soulever contre la conspiration socialisto-trotskiste au pouvoir actuellement  à Berlin, à manifester contre "les anciens soixante-huitards au sommet dans les universités, les médias, et finalement au gouvernement".

 

Il s'agit, pour nous autres, de batailles vitales, de batailles pour la survie finale de tout ce que nous sommes.

 

Jean PARVULESCO.

lundi, 27 décembre 2010

In Memoriam - Dernière vision de Jean Parvulesco

In Memoriam
Dernière vision de Jean Parvulesco
 
par Nicolas Bonnal
 

J’ai pu le revoir peu avant sa disparition, avec ma femme Tatiana, que je voulais lui présenter. Je joins ici nos photos communes, les seules que nous n’ayons jamais faites ensemble d’ailleurs. Il nous a reçu dans son légendaire, bel et discret appartement du boulevard Suchet, situé au bout du monde parisien, tout près de cet énigmatique Ranelagh dont il parlait si bien. D’habitude je l’écoutais conspirer planétairement à la Rotonde, tout près de cette Muette où jadis chassaient nos rois. Il nous a offert une tarte aux figues, fruit symbolique s’il en fût, une bonne bouteille de vin blanc qui siège en bonne place dans nos mémoires maintenant. Nous avons aussi absorbé quelques citrons et même une bonne eau minérale gazeuse. Il faisait beau dans ce bout du monde parisien, et nous avons eu bien du mal à le quitter.

Il s’est montré très affable, sensible, amical, évoquant un ou deux amis évanouis, l’orthodoxie, l’avenir de l’Europe, qui dépend tellement de Poutine. Il m’a épargné tous les messages gnostiques et géopolitiques qui l’ont rendu célèbre dans le monde entier auprès d’une clique d’initiés nippons, chiliens ou italiens, et nous sommes restés assez silencieux. Je lui ai confirmé que dans la biographie remarquable d’Antoine de Baecque consacrée à Godard, il figure en bonne place, comme cinéphile roumain décalé et inspirateur du grand passage de Melville. Jean Parvulesco, prophète du nihilisme contemporain et de la fin de la guerre des sexes, remportée par les femmes, celles des Vuitton, du portable et des pensions élémentaires.

***

Malade depuis des années, avec une maladie qui frappe au choix les yeux ou les jambes - lui aura souffert des jambes comme le roi pêcheur dont il est comme l’émanation -, Jean Parvulesco garde son aura de chercheur et d’écrivain des énigmes. Jusqu’au bout il reste ce personnage de fiction génialement mis en scène par Godard, un homme à facettes et à placards secrets. Un homme de l’être, au sens heideggérien, un personnage de roman qui joue le rôle d’un écrivain métaphysicien et comploteur devant les ténèbres béantes du parisianisme agonisant. Ses derniers livres sont d’ailleurs remarquablement denses et bien écrits, et enfin convenablement présentés et corrigés par son éditeur, le montrent plus sensible que jamais à la conspiration des paysages notamment parisiens, à la psychogéographie initiatique parisienne.

Il a toujours espéré. Quelque chose. Mais après moi, il a compris qu’il n’y a pas de retour, que les ténèbres, les qlipoths ou écorces mortes de la kabbale - les enveloppes, les pods de la science-fiction cauchemardesques ou de la technologie de la communication - sont passées. Nous traversons le désert de la post-apocalypse, cela va prendre encore du temps, et bouffer notre espace. Paris désert gagné par la conspiration des atroces maîtres carrés ? Du reste son épouse devra quitter l’appartement qu’il devait à Eric Rohmer, son ami de toujours décédé peu avant. Il nous faudra veiller sur elle. Paris nié par ses prix, effacé par nos maîtres, privé de pauvres, privé d’artistes, privé de présences réelles. Et soumis cette fois à la domination sans partage du Capital et de son enfant le néant.

***

J’ai fini par l’aimer comme un très bon ami ou comme mon oncle chartreux, un peu aussi à la manière de Serge de Beketch. Au-delà des conspirations des noces polaires, des noces rouges, des états galactiques et de l’Ecosse subversive, il y a un être humain, un confident, un presque père. C’est comme cela aussi que l’on devient chrétien, n’est-ce pas ?

***

Nous avons descendu le splendide escalier de son immeuble art-déco, qui évoque notre dernière grande époque, ce premier tiers du vingtième siècle oublié maintenant. Nous sommes repartis dans la nuit d’octobre, avons mis un temps infini à quitter son quartier, ce seizième du bout du monde, si proche d’ailleurs de Radio Courtoisie, pays où l’on n’arrive jamais, d’où l’on ne repart pas plus. Peu de temps après j’ai commencé mon roman comique et ésotérique, le premier en dix ans, intitulé les Maîtres carrés, que l’on pourra lire en ligne sur le site de Serge de Beketch, la France-courtoise.info. Il y tient le rôle héroïque et décalé de l’initiateur et du conspirateur qu’il est resté depuis qu’il est trépassé, au sens littéral et donc initiatique du terme. Jean, nous pensons, donc nous vous suivons.

lundi, 13 décembre 2010

J. Parvulesco: Sur la mise en oeuvre d'une liturgie cosmique finale

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Archives - 2008

Jean Parvulesco, le secret de la romance

Ex: http://talvera.hautetfort.com/

L’œuvre de Jean Parvulesco est une quête absolue du roman et de son double. Que le « roman occidental de la fin » soit le roman de l’entre-roman et qu’il doive s’écrire par son milieu, tel est l’héritage que Parvulesco a reçu d’Abellio, ce grand liseur de Bible. Commencer à écrire le roman par son centre nous renvoie à l’intervalle entre la vie et la mort, le lieu où se joue le destin de l'homme. D’où l’obsédante figure métabolique de la narration romanesque : secret de la dissimulation et dissimulation du secret.
 

Chacun des romans de Parvulesco est filtré par le suivant, à revers, car le futur enfante le présent aussi vrai que notre destinée de demain moule nos gestes d’aujourd’hui. On ne s’étonnera donc pas que, Dans la forêt de Fontainebleau, son ultime œuvre romanesque (1), ait été publiée avant l’antépénultième dont seul le titre, Un voyage en Colchide, a été divulgué.
On ne lit pas un roman de Jean Parvulesco sans crainte ni tremblement : la voie « chrétienne » qui s’y découvre est celle de la main gauche, un tantrisme marial aux limites de la transgression dogmatique. Le style de Parvulesco crée dans notre langue française une langue étrangère au phrasé hyperboréen. Mon ami, le romancier Jean-Marc Tisserant, qui pourtant l’admirait, me disait que Parvulesco était l’ombre portée de la contrelittérature en son midi : « Vous ne parlez pas de la même chose ni du même lieu », me confia-t-il lors de la dernière conversation que j'eus avec lui. Il est vrai que Parvulesco a toujours persisté à orthographier « contre-littérature », sauf dans le petit ouvrage, Cinq chemins secret dans la nuit, paru en 2007 aux éditions DVX, qu'il m'a dédié ainsi : " Pour Alain Santacreu et sa contrelittérature". En fait ce qu'il appelle "contre-littérature" reste dans la sphère de ce que j'ai appelé "littérature contraire". De toute façon nos divergences sont bien réelles et le plus souvent essentielles. Je reconnais cependant l'influence qu'il a pu exercer sur moi et déplore que son oeuvre reste si méconnue.
 
Parvulesco fit en son temps une critique de mon premier roman, Les Sept fils du derviche – récemment réédité au Grand Souffle – que je donne ici « en miroir », comme une invitation à une lecture dédoublée avec son dernier roman. Pour mieux comprendre de quoi il retourne, il faudra attendre la parution de mon second roman – qui sera en réalité le premier – dont Parvulesco, dans son dernier roman, a repris, à travers la figure de Jean-Paul II, le personnage dédoublée du narrateur.

SUR LA MISE EN ŒUVRE D’UNE LITURGIE COSMIQUE FINALE

par Jean Parvulesco

On sait qu’ayant à son tour lui aussi succombé à l’attrait de l’Orient, Gustave Flaubert avait écrit – ou manifesté le dessein d’écrire – un conte dans le goût oriental, Les Sept Fils du Derviche, dont il ne nous reste malheureusement que le titre, le texte s’en étant égaré – mais a-t-il jamais existé ce texte-fantôme ?
C’est en reprenant à son compte le titre de cette œuvre à l’orientale de Flaubert, aujourd’hui perdue, pour en quelque sorte – peut-être – réparer une ébréchure, une défaillance du destin intime de la grande littérature française, qu’Alain Santacreu nous livre à présent ce roman de haute facture initiatique et occultiste, dont la conclusion débouche, à travers un double suicide rituel, sur l’annonce à peine chiffrée d’une très prochaine fin du monde qui, d’ailleurs, ainsi que nous serons amenés à le comprendre, n’en sera pas tout à fait une, puisqu’une fin du monde déguisée en autre chose.

L’action du roman d’Alain Santacreu se passe à Toulouse, à Istanbul et en Asie Mineure, ce qui de toutes façons nous vaut des évocations de ces trois hauts lieux prédestinés qui sont autant d’invocations en dédoublement par l’écriture, recréant la réalité symbolique et supratemporelle de leur présence-là, devant nous, d’une manière qui est peut-être assez mystérieusement celle – et je mesure bien mes mots – de l’action magicienne même, œuvre de haute magie opérative en action.

e12d641a61ccea52eeb5d9bbd6dc2df0.jpg« Les allées de Brienne, qui longent ce canal que fit construire Loménie, sont douces quand s’y mêlent un parfum de miel à celui des réglisses.
Au printemps, les platanes que l’autan saoûle deviennent les peintres les plus fous, projetant leurs ombres folles sur les murailles rougies des maisons. »

 

Et, de même que le récit intérieur du roman d’Alain Santacreu se referme sur lui-même, à travers le mystère suractivant du double suicide rituel de ses deux personnages principaux – dédoublement sans doute d’Alain Santacreu lui-même, car ce roman est avant tout une expérience personnelle des gouffres intimes de l’auto-dépassement –, ce récit s’entrouvrira finalement à un recommencement d’outre-histoire, recommencement véhiculant, lui, le mystère de la double caverne apocalyptique des Sept Dormants d’Éphèse : la caverne qui se trouve encore de nos jours face aux ruines de l’Ancien Artémision, à Éphèse, en Asie Mineure, et la caverne qui se trouve dans « un certain lieu en France », en Occident.
 
Car la correspondance opérative occulte des deux cavernes aux Sept Dormants, celle d'Anatolie et celle d’en France, constitue à la fois le sujet profond du roman d’Alain Santacreu, le secret cosmique fondamental de l’ultime aboutissement de l’actuelle histoire du monde et le dernier acte de la grande liturgie apocalyptique à l’heure présente en cours d’achèvement. Quand les sept s’enferment dans leur caverne orientale, en Anatolie, à Éphèse, pour leur long sommeil dogmatique, leur sept « pareils de lumière » en ressortent, vivants, intacts, transfigurés, de leur caverne occidentale d’en France – et ce sera la « suprême  heure », l’heure du « renversement du sept de la nuit et du sept du jour », quand le jour se fera nuit, et la nuit jour.
Il s’agit, en fait, ainsi que l’on vient de le dire, de la mise en œuvre d’une liturgie cosmique finale, fondée sur l’immolation et l’échange sacrificiel de « sept dormants » destinés à racheter, à alimenter sacrificiellement l’apparition occidentale de leurs « pareils de lumière », les sept ressuscités apocalyptiques de la « suprême heure ».
C’est bien cet échange sacrificiel qui constitue l’acte apocalyptique final, ce que j’appelais une Apocalypse déguisée, parce qu’elle se trouve tenue d’avoir lieu d’une manière occulte, sa liturgie abyssale se passant dans l’invisible, hors de l’atteinte de toute attention non hautement prévenue, initiatiquement habilitée.
Mais suivons, à présent, le texte même d’Alain Santacreu :

« - Connaissiez-vous cette légende des Sept Dormants d’Éphèse ? C’étaient sept jeunes chrétiens qui, pour avoir refusé de renier leur foi, furent emmurés vivants dans une caverne, lors des persécutions déclenchées par l ‘empereur Dèce, en l’an deux cent cinquante de notre ère.
[…]
- Le texte coranique qui relate la légende est la sourate dix-huit. Une des particularités les plus remarquables de cette tradition des Sept Dormants, c’est qu’elle est commune au Christianisme et à l’Islam. »


Et plus loin :
« - L’entrée de la grotte, dit-il, est situé au nord de la montagne. On y descend par sept marches. Il ne faut pas que vous vous retourniez. Vous entendez ? Cela est très important : quand vous verrez l’entrée de la grotte, marchez, et ne vous retournez plus !
[…]
Mais quand Loménie s’avance, au moment où il va descendre la première marche, il se retourne et ce qu’il voit l’épouvante : il reste pétrifié, livide comme une statue de sel. »

C’est la raison pour laquelle, Loménie, de retour à Toulouse, devra se suicider, en se pendant – la pendaison mystagogique d’Odin et de Gérard de Nerval.
Ce double suicide des deux personnages principaux du roman d’Alain Santacreu libèrera l’espace propre de l’écriture ; le renversement de l’espace intérieur de la non-écriture, marqué par le suicide du narrateur – du personnage du narrateur –, étant appelé à constituer l’écriture même du roman, à la rendre possible, à la faire apparaître. Le renversement, l’échange sacrificiel de la non-écriture en écriture correspond à l’échange liturgique des Sept Dormants en leurs « pareils de lumière » ; et cet échange, ce renversement d’état exige le sacrifice fondationnel, le suicide rituel du personnage du narrateur, de celui qui, dans l’espace intérieur du roman, se trouve être la source même de la narration, sa source vive.

« J’ai gardé, le temps de mon agonie – qui a été celui de l’écriture – la sensation qu'en moi vivait quelqu ‘un d’autre, d’une dimension différente des êtres et des choses qui évoluent au dehors. Peu à peu, en mourant, je suis devenu ce quelqu’un d’autre, en même temps que ce livre prenait racine en moi, s’écrivait de mon dernier souffle, un livre dont je serai l’unique lecteur. Je comprends que mon âme se compose des personnages de ce livre qui ne verra jamais le jour. »

Et qui, néanmoins, devait voir le jour à partir, précisément, de l’agonie et de la mort du personnage du narrateur, qui en même temps était, aussi, quelqu’un d’autre – son agonie et sa mort constituant l’écriture même du roman en cours de nativité, émergeant ainsi du cadavre de sa propre fiction, qui devenait réalité, réalité, je veux dire, de sa propre écriture en voie d’achèvement.
Tout, ici, est échange, tout, ici, se trouve fondé sur le mystère originel de l’échange. Et c’est ainsi que l’on aboutira, à la fin de ce roman, au passage à niveau de « la suprême heure », l’heure du « renversement du sept de nuit en sept du jour », qui marque à la fois la fin et le commencement apocalyptique du monde – d’un monde – par le renversement des Pôles, ou plutôt par leur contre-renversement – si c’est le premier renversement des Pôles qui avait marqué le début du Kali-Yuga, actuellement à sa fin.
Aussi l’actuel Pôle Sud est-il entrain de redevenir , métasymboliquement, et dans le plus grand des secrets, à nouveau, le Pôle Nord. Même si le processus en cours est sans doute bien loin encore de son terme, il n’est pas moins certain que personne ne saurait en connaître l’heure même et que, celle-ci venue, tout se fera en un seul instant, sans autre forme de préavis, d’annonciation, fût-elle dissimulée, sous-entendue, ; le temps d’un éclair, d’un seul éclair, comme en un rêve éveillé, au bord de quelques abîmes ultimes.
Dans la conception littéraire d’Alain Santacreu, la réalité immédiate n’est que la part visible – « la petite part » – de l’invisible, et l’écriture n’est censée porter témoignage que sur cette « petite part » qui passe pour la réalité immédiate de ce monde et de nous-mêmes.
Ce que l’on nous donne à voir, ce que l’on nous dit dans Les Sept Fils du Derviche, n’est que la fragile écorce chiffrée de ce qui ne saurait être ni vu ni dit. Il nous faudra donc nous contenter de peu, mais d’un peu qui disposera d’une extraordinaire puissance de signification, chargé à outrance comme il se trouve par le trop plein dont il est appelé à charrier en avant l’invisible surprésence.
Obscur, difficile à comprendre, ce roman d’Alain Santacreu ne l’est donc qu’au tout premier abord, tant que l’on n’aura pas su saisir la dialectique profonde de son mécanisme intérieur, la dialectique de la mise en œuvre d’une liturgie cosmique finale, de la très prochaine ouverture apocalyptique d’un monde déjà à sa fin.
De plus, le récit même du roman est truffé d’entailles symboliquement actives, mais à la signification dissimulée. Comme cette lettre que le narrateur a écrite mais non envoyée en poste restante, à Istanbul, comme de convenu, à Loménie, et qui de par leur double suicide ne peut s’ouvrir qu'à la fermeture du livre  – lettre écrite et non lue, « non-lettre », trou noir ; ou, encore, comme la scène où le narrateur est surpris par sa mère en train de se masturber, et qui tournera, au second degré, en scène d’inceste entre le fils et la mère, scène détenant d’évidence une des clefs majeures de ce livre ; ou, comme la profusion de jeux de mots d’une consternante imbécillité, et l’insupportable vulgarité, mais concertée, voulue à dessein, d’un personnage comme Aziz, porteur en même temps d’une charge tout à fait décisive, initiatique et prophétique, d’une véritable charge sacerdotale secrète.
Et il y en a bien d’autres de ces entailles. Le cours du récit en est surchargé, qui en frémit en permanence, bien aidé. Cet essaimage d’intances de signification dissimulées au cours du récit est une procédure initiatique courante, bien connue, qui conduit en quelque sorte oniriquement l’action du roman vers ses deux points de mobilisation en force, celui de la séance où ceux du groupe opératoire des sept, rangés en cercle, accèdent à leur supra-conscience à l’aide d’une drogue majeure, et celui de leur entrée dans la caverne des Sept Dormants d’Éphèse et de leur endormissement en cercle, quand le cercle constitué par eux « encore une fois, redevient conscient de son centre ». Ces deux mises en cercle se répondent et s’identifient. Tout en ce roman se répond, s’identifie et se neutralise, tend à l’auto-effacement, à la disparition, à l’oubli, à l’immémoire qui se trouve au-delà de l’oubli et au-delà, aussi, de toute mémoire.
Aussi en vient-on à la question fondamentale : ce roman est-il celui du récit des aventures eschatologiques secrètes de Loménie, est-il le roman du narrateur en train de se dissoudre lui-même dans l’écriture inaccessible de son roman intérieur, est-il seulement un roman d’Alain Santacreu ? La réponse ne saurait qu’être ambiguë, et il se peut même qu’il n’y ait pas de réponse, suivant la marche du soleil qui apparaît et disparaît, successivement et en même temps.

( paru dans le n° 1 de Contrelittérature, juin 1999)

 

(1) Jean Parvulesco, Dans la forêt de Fontainebleau
Alexipharmaque, 2007, 432 pages, 23 €.

jeudi, 25 novembre 2010

Jean Parvulesco nei cieli

Jean Parvulesco nei cieli

Ex: http://centrostudinadir.org/

 

Jean Parvulesco nacque in Valachia, Romania, nel 1929.
Nel 1948, non ancora ventenne, questo grande ammiratore di Codreanu sfuggì il comunismo attraversando il Danubio a nuoto. Fu catturato in Jugolsavia dove rimase prigioniero per due anni in un campo di lavoro prima di raggiungere Parigi nel 1950.
Si legò ad alcune componenti golliste ma sostenne l’Oas e collaborò con la Nouvelle Droite del Grece. Amico di Raymond Abélio, di Aurora Cornu, di Louis Powell, questo guenoniano che conobbe Ava Gardner, Carole Bouquet e tante altre belle donne, dialogò con  Martin Heidegger, Ezra Pound, Julius Evola e fu amico di cuore di Guido Giannettini.
Giornalista, politico, metafisico, mistico, Parvulesco ha lasciato un’impressionante mole di romanzi intrisi di mistero – esistenziale ma anche cosmico e simbolico – i cui personaggi oscillano tra il meraviglioso e l’autobiografico.
Tanto che fu notato e ammirato da registi francesi di primo piano quali  Eric Rohmer, Jean-Luc Godard o Barbet Schroeder. In “A bout de souffle” Goddard fece impersonare il vero Parvulesco dall’attore Jean-Pierre Melville.
Per l’occasione, Parvulesco, alla domanda su quali fossero le sue ambizioni, replicò: “diventare immortale e poi morire”.
Nell’ultima uscita pubblica, in studio televisivo lo scorso giugno,  ostentò invece uno straordinario silenzio.
Era evidentemente pronto all’ultimo passaggio e all’immortalità e decise di lasciarci il segnale più rumoroso e incisivo: il silenzio appunto.
Nel suo ultimo libro, Un retour en Colchide, appena pubblicato dalla Guy Trédaniel, scrisse  “non siamo noi che decidiamo l’ora. Io faccio quel che posso ma non so se sarò presto costretto ad abdicare. D’altronde ho l’impressione che il momento della fine stia sopraggiungendo”.
E’ asceso ai cieli la sera di domenica  nella sua Parigi.

Gabriele Adinolfi

Un front clandestin pour la libération de l'Europe

Extraits de "La confirmation boréale" de Jean PARVULESCO

Ex: http://www.ledesobeissant.over-blog.com/

Tout se passe comme si, à l’abri d’un écran protecteur, aussi invisible qu’impénétrable, des évènements considérables se produisent, dramatiquement, dont on ne parviendrait à saisir, à l’extérieur, que des fragments en ordre dispersés, inintelligibles parce que leur terrifiante cohérence intérieures se trouve occultée, rigoureusement maintenue en dehors de toute attention étrangère au secret central des choses qui s’y font et s’y défont et qui décident du sort de ce monde dans une obscurité extrême.

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(…) A nous autres, derniers témoins de l’être, tout nous est prohibé. Nous nous trouvons irrémédiablement exclus de la grande édition, de la grande presse, de la radio, de la télévision ; le théâtre et le cinéma sont subversivement maintenus hors de notre portée, une violente campagne permanente et exhaustive de dénigrement, d’interdit formel et d’empêchement suractivé se poursuit inlassablement, à tous les niveaux, contre nos positions, contre nos œuvres et jusque contre les personnes mêmes qui se reconnaissent dans nos rang, atteintes, poursuivies jusque dans leurs existences même, jusqu’à leur dernier souffle.

(…) Car les choses du présent, sans distinction, sont devenues intolérables. La haute trahison spirituelle de certains, responsables et lucides ceux-là, et même plus que lucides, ainsi que le crétinisme, glorieux et moutonnier à la fois, d’une intelligentsia fermement décidée à ne pas en perdre une, qui s’obstine à s’enfoncer toujours plus avant dans l’écœurante misère de la médiocrité d’état et qui étouffe tout et nous a étouffé tous sous la lourde chape de boue de ses basses œuvres, n’en finissent plus de dévier, de souiller et d’empêcher toute vie spirituelle en devenir, et jusqu’à la vie elle-même dans les choix de sa conscience et dans la conscience de ses choix.

(…) Nous ne sommes déjà plus rien d’autre que le seul honneur de notre fidélité, si notre honneur s’appelle fidélité, si nous sommes les survivants hallucinés des serments antérieurs, fondement occultes des grands serments à venir avec les prochains renouvellements de la foi impériale.

(…) Dans la conjoncture politique actuelle, dont la caractéristique décisive est celle d’une de l’installation préventive d’une vaste conspiration mise subversivement en place et dirigée, dans l’ombre, par la « superpuissance planétaire des Etats-Unis », les combats pour la libération de l’Europe ne peuvent plus être, aujourd’hui, que des combats souterrains, les combats désespérés d’une résistance clandestine. Car il y a un front de libération de l’Europe, qui reste, à présent, la dernière chance d’une nouvelle liberté politico-historique européenne face à la conspiration mondiale qui se bat pour la fin de l’Europe, et de ses libertés géopolitiques impériales et supra historiques.

(…) Les forces régressives et désertificatrices à l’œuvre, suractivées, engagées en avant avec les glissements politiques négatifs opérés par le pouvoir encore en place, et qui imposent ainsi, en direct, dans les termes même de la terreur démocratique montante, leur loi de renversement et de prise de possession négative, satanique. Car tel est le signe de haute provocation qui sont les nôtres, l’obligation devant laquelle on se trouve tenu d’utiliser ce terme aux résonances bien anciennes, étrangères à nos actuelles habitudes de discours.

(…) Le renversement fondamental du front de la bataille décisive pour la libération de la conscience européenne fera que la conspiration mondiale américaine sera alors réduite à la défensive, et que c’est nous qui conduirons l’offensive du désencerclement et de l’affirmation finale de nos propres positions grand-européenne.

(…) Ainsi, désormais, seul l’inconcevable commande. Et l’inconcevable, en l’occurrence, étant l’action révolutionnaire totale du petit nombre de ceux qui ayant réussi à franchir pour eux-mêmes, pour leur propre compte, clandestinement, la ligne de passage entre l’être et le non-être, se trouvent déjà en état d’assumer la tâche de veiller sur un nouveau retour à l’être, d’un nouveau recommencement révolutionnaire de l’histoire française de l’Europe, de la plus Grande Europe.

(…) Raymond Abellio fait dire à un de ses personnages de son roman Les Yeux d’Ezechiel sont ouverts : « Aujourd’hui je le sais. Aucun homme ayant un peu le goût de l’absolu  ne peut plus s’accrocher à rien. La démocratie est un dévergondage sentimental, le fascisme un dévergondage passionnel, le communisme un dévergondage intellectuel. Aucun camp ne peut plus gagner. Il n’y a plus de victoire possible ». Il nous faudra donc qu’à partir de la ligne actuelle du néant, nous recommencions, à nouveau, tout, que nous remettions tout en branle par le miracle supra historique d’une nouvelle immaculée conception révolutionnaire. C’est la tâche secrète de nous autres.

(…) Et il n’est pas impossible que l’épreuve de force entre le pouvoir et les forces de contestation qui vont s’élever alors contre l’état de fait puisse prendre aussitôt les allures d’une guerre civile, les choses apparaissant ainsi d’autant plus étranges que les forces de contestation se levant contre la dictature démocratique à la fois sournoise et totalitaire du pouvoir seront tout à fait inconnues, n’ayant encore fait état, ouvertement, de leur existence, et ne manifestant donc aucune relation avec ce que l’on appelle, sans doute par dérision, « l’opposition nationale » – soi-disant « gaulliste » – et autres formations de la même frime, salement complices, à la traine, et dans l’imitation honteuse du pouvoir en place – « opposition nationale » dont les positions affichées font ouvertement assaut d’allégeance aux mots d’ordre de la conspiration mondialiste se tenant présente dans l’ombre.

(…) Aussi de nouveaux rapports de puissance et de destin, absolument imprévisibles, des glissements tectoniques en profondeur viendront définir et imposer, à l’heure prévue, une conjoncture politico-historique tout à fait autre.

(…) La conspiration mondialiste peut très certainement prétendre, à l’heure actuelle, d’être en état de tout verrouiller, de neutraliser toute velléité de résistance européenne, cette prétention trouvant posée dans les termes mêmes de la dialectique offensive de ses propres intérêts d’ensemble, de ses propres desseins, désormais à découvert, de la domination planétaire. La conspiration mondialiste s’y croit déjà.

Mais l’histoire n’est absolument pas la somme des circonstances : au contraire, c’est l’histoire qui décide, invente et impose irrationnellement les circonstances de sa propre marche en avant. A la terreur de la raison démocratique totalitaire, nous opposons la ligne de front de l’irrationalité dogmatique de l’histoire elle-même.

Jean Parvulesco

Extraits de La confirmation boréale,

Alexipharmaque, 2010

Source :Mecanopolis

 

mercredi, 24 novembre 2010

Jean Parvulesco ou la conspiration permanente - In memoriam Jean Parvulesco

Christopher Gérard - http://archaion.hautetfort.com/

Jean Parvulesco ou la conspiration permanente

In memoriam Jean Parvulesco 

Vous allez nous manquer, vieux conspirateur!

Sit tibi terra levis

 "Notre solitude est la solitude des ténèbres finales"

 

JPmanteau.jpgNous retrouvant il y a peu dans son pigeonnier du XVIème, un spritz à la main, nous refaisons l'Empire, et le voici qui s'exclame: "je suis un conjuré depuis… 1945". Tout est dit de cet écrivain énigmatique (près de quarante volumes publiés, et toujours clandestin comme en 62) qui, livre après livre, creuse le même sillon pourpre, celui du gaullisme de la Forêt Noire, un gaullisme mâtiné de tantrisme et de géopolitique eurasienne. L'homme a connu Heidegger et Pound; il a fréquenté l'amiral Dönitz (après le 8 mai 45, semble-t-il) et Maurice Ronet; il a été l'ami et le confident d'Abellio et du regretté Dominique de Roux. Godard l'a fait apparaître dans A bout de souffle sous les traits de Melville, Rohmer lui a donné un rôle dans L'arbre, le maire et la médiathèque. De son perchoir, le Prêtre Jean reste en contact avec les activistes des profondeurs, de Moscou à Buenos Aires. Mieux, il suit à la trace les écrivains secrets d'aujourd'hui, la fine fleur de l'underground: Dupré, d'Urance, Mata, Bordes, Novac, Mourlet, Marmin et quelques autres rôdeurs.

Deux livres imposants marquent son retour sur la scène, un roman, Un Retour en Colchide, et un recueil d'essais, La Confirmation boréale. Deux aérolithes que nous devons au courage d'éditeurs qu'il convient de saluer. La démarche de Jean Parvulesco peut se définir comme suit: irrationalité dogmatique. Roman de cape et d'épée, journal intime, programme d'action révolutionnaire: le Prêtre Jean mêle le tout pour révéler ses intuitions et poursuive le combat contre "le gouffre noir de l'aliénation ". Comprenne qui devra.

Que faire des sept cents cinquante pages qu'il lance parmi nous comme des grenades à l'assaut? En parler? Difficile, même si Michel d'Urance nous propose une pénétrante préface au Retour en Colchide. Les lire en sirotant un pur malt. Retrouver Vladimir Dimitrijevic et le "sous-sol conspiratif de la rue Férou" en rêvant à la revanche de Nicolas II. Se rendre compte à quel point L'Age d'Homme est une oasis dans un milieu éditorial où toute œuvre non subalterne est impitoyablement neutralisée. Comprendre le message subversif de L'Anglaise et le Duc, de L'Astrée, précieux chefs d'œuvre de son ami Eric Rohmer. Imaginer la résurgence du bloc continental et l'avènement de l'impensable. Repérer les arrière-pensées des théoriciens du meurtre du père. Divaguer sur la conversion du monde orthodoxe à un catholicisme hyperboréen. Oser dire que l'Islam, en tout cas dans sa version exotérique, constitue "le danger absolu, le danger de l'extinction finale de tout ce qui a fait et fait encore l'Histoire européenne du monde, depuis Rome jusqu'à nos jours". Rome, justement, celle que Parvulesco arpentait la nuit après ses visites à Julius Evola. Mémoriser quelques citations, dont celle-ci, de H. Carossa: "cacher et conserver, c'est aux sombres époques le seul office sacré". Invoquer l'Archange Michel, vainqueur des ténèbres, afin qu'il nous guide sur le sentier de l'Etre, le "sentier aryen".

Allez, le missile est tiré.

 

Christopher Gérard

 

Jean Parvulesco, La Confirmation boréale. Investigations, Alexipharmaque, 396 p., 27 euros. Et Un Retour en Colchide, Trédaniel, 356 p., 23 euros.

 

Qui était donc Jean Parvulesco?

Etrange et attachant personnage que cet écrivain mythiquement né à Lisieux en 1929, compatriote d'Eliade, ami d'Abellio (voir son essai Le Soleil rouge de Raymond Abellio, Ed. Trédaniel) comme de Dominique de Roux, lecteur de Bloy, Meyrink, Lovecraft. De Jean Parvulesco un expert en clandestinité tel que Guy Dupré a pu écrire qu’il témoignait de "l'entrée du tantrisme en littérature". Et en effet, chacun des romans de Jean Parvulesco peut aussi être lu comme un rituel de haute magie. C'est dire si l'œuvre reste dans l'ombre, d'autant que son auteur ne mâche pas ses mots sur notre présente déréliction. A ses vaticinations qui prédisent sans trembler un cataclysme purificateur Parvulesco ajoute des visions géopolitiques d'une troublante acuité. Avec une habileté démoniaque, l'écrivain passe d'un registre à l'autre, tantôt aux lisières du burlesque (camouflage?), tantôt prophétique - et toujours servi par une écriture hypnagogique.

050-LES-BLAH_i.jpgEternel conjuré, Jean Parvulesco est surtout un infatigable travailleur: il signe aujourd'hui son dixième roman depuis 1978, parmi lesquels le mythique Les Mystères de la Villa Atlantis (L'Age d'Homme), qui, avec tous les autres, forme une somme où l'ésotérisme et l'érotisme se mêlent au Grand Jeu. Fidèle au mot de son ami de Roux, Parvulesco aura appliqué Nerval en politique …et vice versa. L'homme a survécu aux camps de travail staliniens, s'est évadé d'une geôle titiste, a traîné ses bottes dans les décombres de Vienne, avant de suivre les cours de Jean Wahl à la Sorbonne, d'approcher Heidegger, Evola et Pound.

Jean Parvulesco ou la littérature de l'extrême.

Ses deux récents livres, publiés par Alexipharmaque, l'étonnante maison d'Arnaud Bordes, illustrent bien les obsessions de cet auteur qui incarne une tradition mystique et combattante. Le Sentier perdu nous fait rencontrer Ava Gardner et Dominique de Roux, tout en évoquant (invoquant?) Thérèse de Lisieux ou Leni Riefenstahl. Tout Parvulesco se retrouve dans ces couples improbables. Est-ce un journal, un essai sur le gaullisme révolutionnaire, un roman chiffré, un programme d'action métapolitique? Le sujet: la fin d'un monde en proie à la grande dissolution dans l'attente d'un embrasement cosmique. Une spirale prophétique, pour citer l'un de ses essais. Dans la Forêt de Fontainebleau se présente lui (faussement) comme un roman stratégico-métaphysique sur le rôle messianique de la France, clef de voûte du bloc continental, et du catholicisme comme unique voie de salut. J'ignore ce que pensent les évêques de ce catholicisme mâtiné de tantrisme et de tir au Beretta, mais après tout qu'importe. Enfin, Parvulesco actualise le mythe du Grand Monarque, en l'occurrence Louis XVI, miraculeusement sauvé du néant par une conspiration d'élus. Rites érotiques et meurtres rituels, cisterciens et barbouzes, Versailles et le Vaucluse: pas un temps mort dans ce roman sans pareil!

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mardi, 23 novembre 2010

Derniers livres de Jean Parvulesco

Derniers livres de Jean Parvulesco: le roman fantastique "Un retour en Colchide» et le volume des enquêtes géopolitique "La confirmation boréale"

Ex: http://roncea.ro/

Ganditorul roman de geniu Jean Parvulesco a murit la Paris, la varsta de 81 de ani. Acestea sunt ultimele sale carti, publicate in 2010:

La confirmation boréale – volum aparut pe 08.01.2010

Tendintele actuale ale conspiratiei mondialiste comanda efectelor circumstantiale ale istoriei vizibile. Ai nostri, cei care suntem dincolo de “Europa ca mister”, noi comandam cauzelor, pentru ca sunt cauzele cele care ne comanda, in mod direct. Cauzele invizibile, abisale, escatologice si providentiale, “cauzele primare”. Terorii ratiunii democratice totalitare, noi opunem linia de front a irationalitatii dogmatice a istoriei insasi.

Un retour en Colchide – aparut pe 10.10.2010

Prophétique et activiste, l’oeuvre romanesque de Jean Parvulesco est le vecteur d’un engagement personnel total contre le ” mystère d’iniquité ” et pour l’avènement de l’être sur les décombres apocalyptiques de l’Histoire.
Jusqu’à présent, tous ses romans auront été comme autant de modalités de ce combat final, comme autant de dévoilements de son enjeu mystique. Mais avec Un retour en Colchide, Jean Parvulesco procède à un fantastique retournement de perspective : ce n’est plus dans le monde réel, ou prétendument tel, que tout se joue, mais dans celui des essences pures et de leurs épiphanies, cette Colchide idéale dont l’auteur, troquant la plume du romancier ” noir ” pour le calame du chroniqueur ” blanc “, invente et inventorie ici les voies d’accès, les passes (et aussi les impasses).

Celles-ci ne laissent pas d’être extrêmement singulières (et dangereuses), puisque c’est dans les songes qu’elles se trouvent offertes au noble voyageur. Roman ou chronique, peu importe d’ailleurs puisque le monde des songes est le vrai monde, celui où les puissances infernales tombent le masque et où la Vierge, sous les espèces les plus délicates et les plus inattendues, montre le chemin de son doigt consolateur.

N’hésitons pas à le dire, Un retour en Colchide inaugure un nouveau cycle de la grande littérature occidentale, comme l’Odyssée avait inauguré celui que Jean Parvulesco a lui-même liquidé avec Dans la forés de Fontainebleau. Roman d’extrême avant-garde, donc, qui rompt avec toutes les formes avérées du genre en faveur d’une multiplicité de possibles (dont celui d’une littérature kamikaze). Car les décombres de l’Histoire sont évidemment aussi ceux du roman même, du roman qui a oublié l’être, c’est-à-dire, en fin de compte et tout bien pesé, à peu près tout ce que la littérature de fiction a produit depuis Chrétien de Troyes.
On aura compris qu’avec Un retour en Colchide, Jean Parvulesco ne s’adresse pas aux esprits paresseux et frileux, mais à tous ceux que grisent le vin blanc de l’Antarctique et les grands vents de la bonne aventure. Ceux-là ne seront pas déçus ! Ils verront des corbeaux en veille aux frontières polaires de la Jérusalem céleste, ils franchiront le Dniepr avec Nicolas II dans toute sa gloire, ils liront des dépêches d’agences delphiques, ils rencontreront des putains célestes, Vladimir Poutine et Robert Bresson.
Et une fois la dernière page lue, ils ne pourront résister au désir de revenir à la première et de recommencer.

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Jean Parvulesco a rejoint la Terre du Milieu

Jean Parvulesco a rejoint la Terre du Milieu

anrdh87s.jpgDans son Ouverture de la Chasse publiée en 1968, Dominique de Roux évoque la spécificité géopolitique et eschatologique de la Roumanie en ces termes : "Comme le Tibet, la Roumanie est un pays circulaire, un pays central - une Fondation du Milieu - qui tourne catastrophiquement sur lui-même, de gauche à droite dans ses périodes amères ou fastueuses, de droite à gauche dans les Temps de ses ordalies. Evidemment, les notions eidétiques de gauche, de droite, se trouvent utilisées, là, dans leur sens le plus intérieur, le plus interdit". Et puis, plus loin : "Bucarest c'est l'Assomption de l'Europe comme le dirait Raymond Abellio, une latinité antérieure, innocente ou peut-être pure, dans ses profondeurs interdites, et choisir l'Europe n'est-ce pas choisir cette plus grande latinité".
Après avoir évoqué les grandes lignes de la dynamique de la Tradition, je consacrai la seconde partie de ma conférence donnée le 14 octobre dernier au Doux Raisin sur "l'Esotérisme Révolutionnaire" à l'indication de voies de salut pour ré-orienter soi-même et le monde. Parmi ces voies possibles, j'évoquai l'Empire Eurasiatique de la Fin cher à Jean Parvulesco, ce Roumain du néolithique. Au-delà de ses engagements politiques, centrés sur la volonté de construction d'un pôle carolingien franco-allemand, Parvulesco savait qu'ils se devaient d'être accompagnés d'une nouvelle religion dont un des prophètes était Saint Maximilien Kolbe. Il voulait s'opposer à la conspiration mondiale contre la Vierge, en renouant avec l'orthodoxie russe et en intégrant le shintoïsme minéral à l'Europe johannique intérieure : Jean Parvulesco brûlait du désir de voir un jour la statue de la Vierge au Kremlin, et il se mettait à genoux devant la très sainte figure d'Amaterasu qu'il assimilait à Marie. Il savait que le Graal se trouve dans une des grottes du Fujiyama.
Je l'avais eu au téléphone ce 14 octobre, quelques minutes avant ma conférence : il était excessivement essouflé, et sa voix avait un son rauque et spectral. Il m'avait dit avant de raccrocher : "Je suis couché, je ne peux plus me relever". Avant-hier, alors que je discutai de son oeuvre avec Pierre Hillard à Toulon, j'ai réellement senti une aile de corbeau m'assombrir le visage. Je ne sais pas si Jean Parvulesco lisait Edgar Poe.
 
 Trop tard, on arrive toujours trop tard, tout arrive toujours trop tard.
 
 La personne de Parvulesco était idéalement modelée par Dieu pour servir de phare à une génération assoiffée, la nôtre. Mais nous sommes trop jeunes pour avoir côtoyé Eustache, Parvulesco et Pasolini, et nous sommes trop vieux pour nous trouver d'autres maîtres.

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Le décès de Jean Parvulesco

Le décès de Jean Parvulesco

L’écrivain Jean Parvulesco, né en Roumanie en 1929, est décédé le dimanche 21 novembre à l’âge de 81 ans.

984949610.jpg« Devenir immortel… et puis mourir ». C’était la grande ambition que lui confiait Jean-Luc Godard dans À bout de souffle, qui lui prêtait les traits de Jean-Pierre Melville. L’écrivain d’origine roumaine, Jean Parvulesco s’est éteint le 21 novembre à l’âge de 81 ans. Entre littérature, cinéma, et engagement politique, sa trajectoire artistique se distingue par sa singularité. Il n’a pas 20 ans lorsqu’il fuit le régime communiste de son pays et réussit à rejoindre Paris. Il y fréquente différents milieux artistiques, dont celui de la Nouvelle Vague. Son personnage apparaît dans À bout de souffle, et il a un petit rôle dans un film d’Éric Rohmer. En politique, Parvulesco est proche de la Nouvelle Droite, lié à certains gaullistes, ainsi qu’à l’Organisation de l’Armée secrète (OAS). Il commence à écrire dans les années 1960 et entame une carrière de journaliste. De nombreux articles sont publiés notamment dans le quotidien Combat. Son entrée en littérature ne s’effectue qu’à la fin des années 1970. Le recueils de poèmes, Traité de la chasse au faucon (L'Herne, 1978), est très remarqué. Une dizaine d’essais et une trentaine de romans, dont La servante portugaise (éd. L’âge d’homme), suivront. Un retour en Colchide, son dernier roman, est paru en 2010 chez Guy Trédaniel.

Jean Parvulesco est mort...

Jean Parvulesco est mort...

JeanParvulesco_Paris2000-217x300.jpgJean Parvulesco est né en Roumanie (Valachie) en 1929 et vient de mourir à Paris le soir du dimanche 21 novembre 2010. De la Nouvelle Vague à la littérature, sa vie très singulière a représenté une trajectoire personnelle à la fois solitaire et engagée collectivement.

 

Avant l’âge de 20 ans, vers 1948, il décide de fuir le régime communiste et traverse le Danube à la nage. Il est emprisonné dans des camps politiques de travaux forcés en Yougoslavie et parvient à rejoindre finalement Paris, en 1950, qu’il ne quittera presque plus. Il suit les séminaires de Jean Wahl à la Sorbonne puis fréquente les milieux les plus divers, dans une pauvreté contre laquelle il se débattu toute son existence.

 

Débute alors ce destin étrange et riche, où se mêleront l’écriture et l’action, et de nombreuses rencontres avec des cinéastes, des écrivains, des activistes, et des personnalités de zones différentes de l’échiquier politique. Proche de certains milieux de la Nouvelle Droite, il fut également lié à certains gaullistes, mais aussi à l’OAS, chiraquien atypique, apologiste du traditionalisme de René Guénon, influença le politologue russe Alexandre Douguine… Personnalité indépendante, il fut ami avec Raymond Abellio, Aurora Cornu, avec Louis Pauwels, discuta avec Martin Heidegger, Ezra Pound, Julius Evola… et connut Ava Gardner, Carole Bouquet et bien d’autres. Journaliste, il commence à écrire dans les années 60 et jusqu’à sa mort en passant de Combat à Pariscope, de Nouvelle Ecole à l’Athenaeum, de Rébellionà la Place royale ou Matulu : La tendance politique, l’objet ou la diffusion d’un média ne le préoccupait jamais. Pour lui, seul comptait ce qu’il appelait la littérature, l’acte de dire par le texte, véritable « expérience de la clandestinité».

 

Il mena cette expérience jusqu’à des retranchements personnels toujours mystérieux, où l’écrivain ne se distinguait plus vraiment du personnage, et le personnage de l’homme lui-même. Ce caractère unique, cet esprit qui semblait au-delà de toutes les difficultés du quotidien, à la vitalité exceptionnelle, à la culture secrète et souvent magnifique, lui valut d’être remarqué et apprécié par Eric Rohmer, Jean-Luc Godard ou Barbet Schroeder. Dans A bout de souffle, Jean-Luc Godard fait interpréter par Jean-Pierre Melville le rôle de Parvulesco (voir notre vidéo ci-dessous), qui aura cette réplique restée célèbre à une question sur son « ambition dans la vie » : « Devenir immortel… et puis mourir ». Dans L’Arbre, le maire et la médiathèque d’Eric Rohmer, il joue le rôle de « Jean Walter », proche de celui qu’il était en vrai, au côté d’Arielle Dombasle et de François-Marie Banier.

 

Au-delà de cette présence au cinéma, l’œuvre qui restera est son œuvre littéraire. Il commence à écrire des livres vers 50 ans, avec notamment leTraité de la chasse au faucon (L’Herne, 1978), recueil de poèmes remarqué, et un premier roman, La servante portugaise (L’Age d’Homme, 1987), publié récemment en Russie. Une trentaine de romans et une dizaine d’essais composent son œuvre. Deux éditeurs jouèrent un rôle primordial dans la publication de celle-ci : Guy Trédaniel et Vladimir Dimitrijevic. Sa façon d’écrire, rejetée ou adulée, intéressa fortement des personnalités comme Guy Dupré, pour qui elle constitue « l’entrée du tantrisme en littérature », Dominique de Roux, Michel Mourlet, Michel Marmin, Jean-Pierre Deloux ou Olivier Germain-Thomas (qui lui consacra une émission « Océaniques » sur FR3 en 1988).

 

Le 8 juin 2010, il est invité sur le plateau de l’émission « Ce soir (ou jamais!) » par Frédéric Taddéï sur France 3. Auprès de Dominique de Villepin, de Marek Halter ou Philippe Corcuff, il restera étonnamment silencieux. Son dernier livre, Un retour en Colchide, vient de paraître chez Guy Trédaniel. Il y notait, à sa façon, que « ce n’est pas nous qui décidons de l’heure. Moi, par exemple, je fais tout ce que je peux faire, mais je ne sais pas s’il ne faudra pas que je sois obligé d’abdiquer. D’ailleurs, j’ai l’impression que le moment de la fin arrive ».

 

 

Source Mécanopolis

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mercredi, 15 septembre 2010

Bloc continental, Lumière du Nord, Endkampf et Imperium Magnum

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991

 

Bloc continental, Lumière du Nord, Endkampf et Imperium Magnum

 

Une lettre de Jean PARVULESCO

 

 

Le 16 mai 1991.

 

parvulesco.jpgCher Robert Steuckers,

 

je ne pense pas qu'il me faille le cacher, et bien moins encore vous le cacher à vous, c'est en quelque sorte la réception de votre dernier envoi, celui-ci ayant donc eu à accomplir, en l'occurrence, une mission pour ainsi dire pro­videntielle, envoi comprenant les revues Vou­loir janvier-février 1991 et Orientations été 1990 et hiver 1990-1991, cette dernière axée sur la grande bataille géopolitique finale ac­tuellement en cours et sur le concept hau­shoférien fondamental du Kontinentalblock, qui a brusquement cristallisé ma décision de rejoindre à nouveau, à titre personnel et quoi qu'il en fût, la Ligne de Front du combat à la fois tragique et total dont nous autres nous portons encore et toujours en nous la prédes­tination abyssale, le feu secrètement inextin­guible et le Nom Prohibé, qui n'en finit plus d'être celui de l'Honneur s'appelant Fidélité. Ainsi, tout rentre à nouveau dans la zone de l'attention suprême.

 

(1) Je le tiens pour une évidence aussi tran­chante qu'inconditionnelle, l'histoire mondiale et juqu'à l'histoire ontologique du monde ap­prochent aujourd'hui vertigineusement de la ligne d'un non-retour final, cette ligne de fron­tière et d'engouffrement vers laquelle se trou­ve aujourd'hui fatidiquement emporté, et com­me aspiré en avant n'étant autre que celle de l'au­to-consommation apocalyptique des temps, ce que la pensée traditionnelle in­dien­ne appelle Mahapralaya, la «Grande Dis­solution».

 

Mais, d'autre part, si, à présent, le cycle final des grands cycles à leur fin va devoir lui-même connaître, catastrophiquement, sa pro­pre fin, il n'est pas moins certain qu'au delà de l'inéluctable déjà en marche d'autres temps viendront, porteurs d'un monde autre et d'horizons historiques entièrement, incon­cevablement autres.

 

(2) Ceux de la grande lumière du Nord, ceux de l'ancienne Nordlicht ne l'ignorent pas, et ne l'ont jamais ignoré: au-delà de l'ensemble de toutes ces catastrophes terminales, catas­trophes que la tradition nordique secrète a prévues et sans cesse annoncées, nous allons à présent vers le Renversement des Pôles, vers le mystérieux Paravrti  tantrique projeté sur ses dimensions cosmiques ultimes, nous nous apprêtons à connaître le retour de l'A­xe Polaire vers son élévation transgalac­tique des origines, élévation héroïque et di­vine, intacte et, de par cela même, régénérée et ré­générante, renouvelante et salvatrice en ter­mes de libération totale et de recommen­ce­ment total.

 

«Je rappelle aussi que la dernière des grandes catastrophes eut pour conséquence le bascu­lement de l'axe des pôles. Ce fut comme un gigantesque coup de balai cosmique pour net­toyer la terre trop polluée. L'Atlantide ne con­naître plus jamais l'éternel printemps de l'âge d'or», écrit Bernard Delafosse dans son roman prophétique, paru en 1990 chez Guy Tréda­niel, Des vies de lumière.

 

«A une certaine époque, l'axe de la terre s'est déplacé, et ce choc a dû disloquer l'ensemble de sa surface, provoquer des dévastations ir­rémédiables», lit-on aussi dans l'extraor­di­nai­re roman de l'Australien Earle Cox, La Sphè­re d'Or, paru en 1925 et repris par Néo en 1987.

 

Lorsque survint le cataclysme du Renverse­ment des Pôles, la race habitant alors la terre avait atteint, d'après la Sphère d'Or, «les plus hauts sommets que l'humanité puisse at­tein­dre», entendons que l'humanité puisse at­teindre en se dépassant elle-même, en s'é­le­vant aux stades ultimes d'une suprême sur­humanité.

 

Or, à ce moment-là tout comme aujourd'hui  —la spirale ascendante du devenir cosmogo­nique retrouve les mêmes situations d'être, les mêmes états ontologiques, à des niveaux de plus en plus élevés, de plus en plus pa­ro­xystiques, de plus en plus sombrement tra­giques­­—  le seul problème salvateur appa­rais­sait donc comme étant, toujours en sui­vant la Sphère d'Or, celui de «transmettre le flam­beau d'une race mourante à celle qui n'était pas encore née».

 

(3) Aussi le prochain retour des fondations oc­cultes de ce monde à la conscience originale d'une race suprahumaine, préontologique­ment identique à elle-même et redevenant ainsi, encore une fois, surpuissante et même toute-puissante, se trouvera-t-il posé dans les termes mêmes du projet révolutionnare abys­salement encore et toujours présent, vivant et agissant dans les profondeurs du sang de cette race et de son immémoire transcendan­tale, et sur la ligne de confrontation de toutes les grandes batailles métapolitiques à venir ce seront donc les dénominations visionnaires de cette race, les concepts de sa propre géopoli­tique transcendantale en action, qui décide­ront du sens des recommencements à venir et de leur histoire encore, en ces temps, pour nous, in-prépensable (in-prépensable prove­nant, ici, du concept heideggerien d'unvor­denk­lich).

 

Qui dira et qui, de par ce dire même, fera ain­si émerger à nouveau des profondeurs océa­niques de la «grande histoire», pour les im­poser révolutionnairement à son cours fi­nal, les concepts géopolitiques d'avant-garde de sa propre vision de l'histoire et du monde, dé­ci­dera, ce faisant, de l'histoire du monde et du monde de l'histoire à sa fin.

 

Ainsi les grandes batailles décisives pour la domination finale du monde seront-elles, dé­sormais et jusqu'à la fin, des batailles conçues et définies exclusivement en termes de géo­politique totale, en termes de géopolitique im­périale au double niveau planétaire et cos­mique, «galactique».

 

La domination finale du monde n'est désor­mais plus rien d'autre que le fait impérial de sa définition géopolitique ultime, le monde et son histoire appartiennent désormais à qui parviendra à en donner, à en imposer la der­nière définition géopolitique totale.

 

(4) Les concepts géopolitiques ultimes que je propose donc pour la prochaine instruction ré­volutionnaire impériale de la géopolitique agis­sante de ce monde et de son histoire à sa fin sont les suivants:

 

- Le concept d'Endkampf, interpellant et ré­gissant le mystère déflagrationnel de la ba­taille finale pour la domination totale du mon­de et de l'histoire du monde à sa fin.

 

- Le concept révolutionnaire de Nordlicht, qui en appelle à la lumière originale de l'être, à la conscience polaire de soi-même et du monde, conscience à la fois fondamentale et fondationnelle des nouveaux recommence­ments du monde et de cette nouvelle histoire du monde par le truchement de laquelle ses propres recommencements se trouvent à nou­veau posés, et posés, très précisément, par nous-mêmes, en termes de géopolitique totale, en termes de «géopolitique transcendentale».

 

- Recommencements de l'histoire du monde qui, posés, ainsi, en termes de géopolitique to­tale, aboutissent révolutionnairement à l'exi­gence de la mise en être immédiate, de la mi­se en histoire directe du concept polaire, du concept métahistorique suprême de l'Impe­rium Magnum.

 

Ainsi allons-nous rejoindre et découvrir, dans les chemins de nos plus proches combats à venir, le concept géopolitique révolutionnaire immédiat de la Fédération européenne et grand-continentale du futur Empire Eu­ra­sia­tique, de l'Imperium Magnum pré­on­tologiquement toujours présent dans la cons­cience abyssale de notre race, dans l'enso­leillement préontologique polaire de la Nord­licht.

 

- Enfin, si j'avançais aussi, en citant Moeller van den Bruck et les conclusions de son essai visionnaire Das Dritte Reich  où il dit qu'il n'y a qu'un seul Reich  comme il n'y a qu'une seule Eglise, il apparaîtra que le signe apoca­lyptique des profondeurs, annonçant et met­tant en branle l'irrévocabilité ontologique, l'immaculée conception du recommencement métahistorique polaire et impérial de la fin de l'actuelle histoire du monde, sera le signe de l'avènement d'une nouvelle religion propre à la race héroïque et divine qui assumera, qui assume déjà, souterrainement, dans son être, dans son sang transcendantal, dans ses plus secrets destins désormais à l'œuvre, le pas­sage en continuité au-delà des abîmes de sa propre fin et de la fin du monde, de son his­toire à sa fin et au-delà de sa fin.

 

- A l'heure de son passage à l'histoire, le concept géopolitique ultime qui est celui d'Im­perium Magnum  recouvrant le projet de la Fédération européenne grand-continen­ta­le du futur Empire Eurasia­tique, exi­ge­ra que sa mise en processus ins­titue un corps spécial de protection idéolo­gique et de com­mandement, une comman­derie européen­ne grand-continentale, occulte à ses dé­buts, se dissimulant derrière ses propres struc­tures géopolitiques de pré­sence et d'ac­tion extérieures, mais appelée à se dévoiler historiquement et politiquement à mesure que va s'accomplir sa tâche impériale en avant.

 

En assumant, quant à moi, toutes mes res­ponsabilités avouables et autres, et je dirais même les autres surtout, j'ai donc pris sur moi de procéder, sans plus attendre, à la ré­activation confidentielle des Groupes Géo­politiques ayant déjà été mis directe­ment en piste, à l'intérieur de l'appareil sou­terrain gaulliste faisant suite à 1968, de re­prendre la publication, dans un cercle res­treint, de la lettre confidentielle De l'At­lantique au Pacifique, d'envisager l'instal­lation sociale immédiate de l'Institut de Re­cherches Métastratégiques Spé­ciales «At­lantis» (IRMSA), ainsi que d'un certain nom­bre d'autres instances activistes.

 

Ce qui s'est ainsi mis en marche, j'en ai pris l'engagement sans faille, ne s'arrêtera plus. Je ferai tout ce qui doit être fait.

 

je vous prie de recevoir, cher Robert Steu­ckers, mon meilleur salut de camarade,

 

Jean PARVULESCO.

lundi, 07 décembre 2009

French visions for a New Europe

French visions for a New Europe

Ex : http://rezistant.blogspot.com/


Raymond Abellio and Jean Parvulesco are two prominent French esotericists who have visualised and tried to implement a roadmap for what Europe – and the Western world as a whole – should become. It is a future where the real role of the Priory of Sion comes into its own.

An article by Stephan Chalandon and Philip Coppens

Raymond Abellio claimed that the Flemish occultist S.U. Zanne (pseudonym of Auguste Van de Kerckhove) was amongst the greatest initiates of our time. But hardly anyone knows who he is. Some have placed Abellio in the same category – though he too is a great unknown for most. And those that have looked at Abellio, have largely concluded that he was a fascist politician, who was also interested in esoteric beliefs.
Is he? Part of the problem is that his writings – like that of so many alchemists – need a key. So much of their material is largely coded text, and Abellio himself used to laugh that most people’s keys “only opened their own doors” – not his. So who was he really, and what were his real political aims?

Raymond Abellio was the pseudonym of Georges Soulès (1907-1986), who rose to fame during the Second World War, when he became the leader of the MSR (Mouvement Social Révolutionnaire) in 1942, after the peculiar assassination of its leader, Eugène Deloncle. The invitation to join the organisation had come from none other than Eugène Schueller, owner of the cosmetics giant L’Oréal. As Guy Patton, author of “Masters of Deception”, has pointed out: “This group had evolved out of the sinister Comité Secret d’Action Revolutionaire (CSAR), also known as the Cagoule. Soules was now to become acquainted with Eugène Deloncle, head of the political wing, dedicated to secret, direct, and violent action.” Later, Patton adds: “So here we have a Socialist turned Fascist, deeply involved in political movements, who actively collaborated with the Vichy government. In the course of his political activities, he was to work closely with Eugène Deloncle, who […] was closely acquainted with a fellow engineer, François Plantard, and whose niece married [French President Francois] Mitterrand’s brother, Robert.”
Though never confirmed, it is claimed that Abellio was involved with Bélisane publishing, founded in 1973. Bélisane published several books on Rennes-le-Château, the village so intimately connected with the Priory of Sion. In his book, Arktos, Joscelyn Godwin refers to Raymond Abellio as another ‘Bélisane’ pseudonym. For Guy Patton, Abellio is part of a network that tried to create a New Europe, ruled by a priest-king, whereby various modern myths, like the Priory of Sion, are meant to provide the modern Westerner with a longing of sacred traditions and rule, very much like the myths of King Arthur that gave a surreal dimension to European politics in medieval times.

Abellio’s views of politics have therefore been described as very utopian, and he has been suspected of synarchist leanings – the belief that the real leaders of the world were hidden from view, politicians being largely their puppets. But in truth, Abellio had a well-defined vision for social change. When the battle lines of the Cold War were drawn after the Second World War, he tried to find the best of both camps, and hoped he could reunite them. Why? To create a type of Eurasian Empire, stretching from the Atlantic to Japan, an idea that was taken up by the novelist, theoreticist and his friend Jean Parvulesco. “Parvu” has been identified as the man largely responsible for acquainting at least some with the visions of Abellio – though whether it was the real Abellio or a character created by Parvulesco, remains for some open to debate.
Guy Patton thus sums up Abellio’s view as being “typical of an extreme right-wing esotericism, the aim of which is to ‘renew the tradition of the West’. He wanted to replace the famous Republican slogan, ‘Liberty, Equality, Fraternity’, with ‘Prayer, War, Work’, to represent a new society built on an absolute hierarchy led by a king-priest.”
The implication, however, is that several of the people involved, were not truly devoted to such spiritualism and merely used it as a mask for making money, acquiring more power, and pushing an extreme right wing agenda. Though that is the case for many of those involved, within the mix of powerful and/or money-hungry people, most are agreed that Abellio was truly a “spiritual” man. And it was professor Pierre de Combas who is credited with Abellio’s transformation from politician Georges Soulès into the visionary Abellio (the Pyrenean Apollo), making him not merely a “man of power”, but also a “man of knowledge” – an initiate?

To understand his vision, we need to acknowledge that Abellio’s system, as mentioned, needs a key, and without a key, there is no understanding – hence, no doubt, why he is often misunderstood. Secondly, his system is complex and difficult to summarise in a few words and is perhaps best described by listing some examples.
He wanted to “de-occultise” the occult (e.g. his book “The End of Esotericism”, 1973), whereby he hoped this would help science. His knowledge of science – acquired as a polytechnic student – meant that he could build bridges between the two subjects, for example between the 64 hexagrams of the Yi-King and 64 codons of DNA, or the correspondences between the numbers of the Hebrew alphabet and the polygons that could be inscribed in a circle.
The most famous of his works is “The absolute structure” (1965), which made him be regarded as an heir to phenomenological philosopher Husserl. Such topics, of course, hardly make for bestsellers, but are the type of study one would expect from a genuine alchemist.
His drive for an “absolute structure” is a vital ingredient for his visions of the “Assumption of Europe”, i.e. what he sees as the destiny of Europe: “the Occident appears to us not to be only as an interval separating the opposing masses of the East and the West, but is the most advanced carrier of the dialectical of the present time.” In short, he did not believe in the subject-object duality that continues to drive most politicians into fear-mongering and the other usual tactics employed by their ilk, but instead preferred a more complex model, centred on Conscience (the zero point), which evolved along the base towards Quantity (science) and upwards to Quality (knowledge), which gave him a six-armed cross, or the “hypercubic” cross, to use Salvador Dali’s words – a man who equally spoke of the “Assumption of Europe” in some of his paintings. In short, the “hypercubic cross” allowed Abellio to express all ontological and spiritual problems in dynamic terms – and it is clear that he used complex wording, making his thinking difficult to understand, which is no doubt why he is easily misunderstood, was thought to be writing mumbo-jumbo, or simply neglected.

First of all, to get our heads around his terminology, we need to know that the Bible was one of Abellio’s most often consulted books and he described the stages of the evolution of a civilisation in Christian terminology: birth, baptism, communion, etc. Hence why he said that the next stage in Europe’s development mimicked assumption, which is specifically linked with the Virgin Mary – the Saint who was deemed to play a pivotal part in Europe’s future. She is, of course, also a supernatural being, which was said to have appeared on numerous occasions, to advice Christian Europe what to do and what not, such as in the politically charged “secrets” of Fatima in 1917.
In 1947, in his book “Towards a new form of prophecy, an essay on the political notion of the sacred and the situation of Lucifer in the modern world”, he notes: “not more than any other being, man is but an addition, a juxtaposition of Spirit and Matter, but an accumulator and an energy transformator, of variable power according to the individual, and capable of passing his energetic quantity of one qualitative level to another, higher, or lower.” Thus, we see a mixture of Christian eschatology, prophecy, as well as quite Gnostic doctrines on what it is to be truly human.

Abellio was therefore a modern visionary, but he was also an astrologer. He predicted the fall of the Soviet Union for 1989, as well as the ascent of China. He qualified its Marxism as “Luciferian”, which he did not suggest should be interpreted in a moral sense, but that the Chinese materialism had to be integrated in terms of the Absolute Structure, in opposition to the individual and “Satanic” materialism of the United States.
In the West, it was the task of terrorists – freedom fighters – to bring about this change. These “heroic” terrorists’ battles were brought to life in his novels. In retrospect, he said that his first three novels were indeed “apprenticeships”, where his heroes evolved, whereas his final novel – published 24 years after “The pit of Babel” (1962) – “Motionless Faces” (1986) was for him “that of the companion who is trying to become master”.
However, many consider “The pit of Babel” to be his best work and it is here that he plots intellectuals that are disengaged from all forms of ideology and scruples engaging in wide-spread terrorism. It is a theme he revisited in “Motionless Faces”, where the primary character attempts to poison the population of New York, not through any straightforward means, but by using the creation of an illuminated architect who had built a type of “counter-structure” underneath Manhattan, which was reserved for an elite – a type of urban Aggartha.
The heroine of his last novel is named Helen, also – not coincidentally – the name of the companion of Simon Magus. In the end, she perishes, taken to the centre of the earth by a subterranean stream, underneath Manhattan. In the case of Simon Magus, Helen was the personification of Light, held prisoner by matter. Abellio specifically chose his name because he identified himself with Apollo, another deity connected with light and the initials of Raymond Abellio – RA – were of course those of the Egyptian sun god.
Abellio himself never met his “ultimate woman”, even though he searched for her. She may have been Sunsiaré de Larcone, herself a writer of fantasies as well as a model, who died at the age of 27 in a car crash in 1962. She had labelled herself his disciple. Other – equally beautiful – women had gone before, and would go after, but no-one was apparently worthy of being “his” woman. Hence, his tomb contains an empty space for his “Lady”.

It is in “Motionless Faces” that Parvulesco studied in detail in his essay, “The Red Sun of Raymond Abellio”, published in 1987. Parvu was a novelist who is both close and far removed from Abellio. Close, because they shared a similar vision of the “Great Eurasian Empire of the End”. He too had his initiators, and he saw himself heir to the “Traditional School”, which had previously had authors such as René Guenon and Julius Evola, whom he met in the 1960s. He was preoccupied with the “non-being”, the forces of chaos, which make him into something of a dualist, i.e. a Gnostic. With Evola, he shared the idea that there was a need for a final battle against the counter-initiatory and subversive forces (the non-being), as well as having a certain desire for Tantrism.
Parvulesco often uses the term “Polar”, which he used to refer to the “polar fraternities” – of which Guénon had once been a member – and which he saw as important instruments in the creation of modern Europe. He also used the term to refer to the Hyperborean origins of the present cycle of humanity, which he argued would soon end with a polar reversal. Here, he is close to Guénon, but far from Abellio’s thinking, who had an altogether more optimistic vision of the future. So despite their kinship and a common goal, how that New Europe would be accomplished, was not identical – or compatible.

Parvulesco has often been cited by the European extreme right-wing. It has meant that several authors have seen him as one of them, but it is clear that no single writer is in charge of who and where his name is used.
In the early 1960s, “Parvu” was close to the OAS, the “Organisation Armée Secrète”, a terrorist group that was opposed to allowing Algeria to become independent. This meant that he was opposed to De Gaulle, yet he is largely known to have claimed everywhere he could that he was a strong supporter of De Gaulle. Incidents such as these have therefore made him another person that is difficult to place on the political landscape, and it would be best simply to not try and put him into one category. Indeed, what sets him and Abellio apart, is largely that they had an independent vision of the future – and the role of politics. They realised that the world was radically changing, and though their models might in the end prove not to work or be unrealisable, it does not negate the fact that they were innovative thinkers.

It is Parvulesco who brings further detail as to what this New Europe would be and why, specifically, a priest-king is needed as its ruler. In ancient times, these rulers were primarily seen as a denizen of both worlds, a mediator between this reality and the divine realm and Parvulesco makes it clear that “the beyond” is guiding us towards Europe’s destiny, whereby the role of European leaders is first and foremost to correctly interpret the signs, rather than invent new goals and targets.
Parvu has a few constant themes running through his writings, one of them being that of gateways to other dimensions. Whenever historical people (most often politicians) make appearances in his novels, they are not the politicians we know, but their doubles, who evolve in our and another dimension. The novels of Parvulesco are hence often seen as those of the “eternal present”, or the “ninth day”.
In “Rendez-vous au manoir du Lac”, the setting is a strange site where there is a gateway to heaven – Venus in particular – from where, according to Parvulesco, some chosen ones have to transit. In “En attendant la junction de Vénus”, he repeats this claim, but links it with Mitterrand and specifically the Axe Majeur of Cergy-Pontoise, near Paris. This axis is the creation of artist Dani Karavan and is the “soul” of this new town. It stretches for three kilometres and, if ever archaeologists were to stumble upon its remains in future centuries, it would be classified as a leyline. Though the project commenced before Mitterrand’s presidency, it was during his term in office that the line became properly defined and executed. Today, it is seen – in France – as an enigmatic work, far superior to the Louvre Pyramid or Arche de la Défense, which has set the likes of Dan Brown and Robert Bauval questioning the reasons behind these projects. The Axe, however, is a far more ambitious, greater and more enigmatic project. When we note that Abellio was closely associated with the Mitterrand family, we can merely ponder whether he had a hand in the project.
With the Axe Majeure, it is clear that we are in a strange world where politics and esoterica mingle, partly in this dimension and partly in a divine realm. Well, Abellio hoped that from this mixture, a new form of politics, and a New Europe, would arise. And it is here where we need to see the role of the Priory of Sion, not so much – as Dan Brown and others would like it – as the preservers of a sacred, old bloodline, but a new priesthood – a mixture of politician and esotericist, i.e. like Abellio himself – that can rule a New Europe.

So even though Abellio and Parvulesco have been described as synarchists, they repeatedly referred to themselves as terrorists – freedom fighters, laying the foundation for this New World. The new powerbrokers would not always remain hidden puppet masters, but would clearly one day step to the forefront, to take up the role of priest-king. And for such thinkers, it was a given that France had come closest to attaining this ideal under De Gaulle, whereby the “Great Work” of Mitterrand was seen along the same lines, though clearly not to the same extent, or drive.
Abellio and Parvulesco were therefore new agers, building “An Age of Aquarius”: however, they did not focus on personal transformation, but on social transformation. As an author, one might argue that Parvulesco operates within the domain of the “esoteric thriller”, which in Hollywood is visualised like Roman Polanski’s “The Ninth Gate” or Umberto Eco’s “Foucault’s Pendulum”. But both works have great difficulty in convincingly integrating the “passage to another world” within their storyline, often leaving the reader/viewer unsatisfied, or – alternatively – unconvinced of the end goal. Lovecraft has a better reputation and others argue that Parvulesco, thanks to the influence of both Abellio and Dominique de Roux, has gone further, and done better. But the main point is that his esoteric thrillers were to make this step through this “interdimensional passage” not as an individual, but as a society – as Europe.

De Roux (1935-1977) was a great inspiration for novelists that evoked what is known as “novels of the End” – however they visualised that transformation of Europe. Parvulesco actually began his literary career in the magazine “Exil”, published by de Roux. De Roux travelled widely, and in 1974 wrote “The Fifth Empire”, about the struggle for independence in Portugal’s colonies, which brings up the same struggle for a new future of a country. The title “The Fifth Empire” is an allusion to a popular Portuguese myth, namely that of the lost king. Like King Arthur, the Portuguese king Dom Sebastian was said to one day return, to lead his people to a fabulous destiny – which, as can be expected in light of Abellio and Parvulesco’s ideology, was not necessarily of this plane. To quote the Portuguese poet Fernando Pessoa (a friend of Aleister Crowley): “We have already conquered the sea, there only remains for us to conquer the sky and leave the earth for others.”
What Algeria and De Gaulle had been for Abellio, what Portugal was for De Roux, Putin’s Russia was for Parvulesco. But it is in Abellio’s preface to “The Fifth Empire” that we find an interesting note that explains the true context and “key” that will unlock their works: “those who attach a profound meaning to coincidences cannot be but stricken by the fact that the last message of Fatima was delivered in October 1917, at the moment when the Bolshevik Revolution begun. What subtle link of the invisible history was thus established between the two extremities of Europe?”
For esotericists who saw our dimension as being infiltrated by the other plane of existence, the coincidences of the apparitions of the Virgin Mary at Fatima and her clearly political messages, to do with the future of Russia and how it should embrace the Virgin Mary, are part and parcel of how this Great Europe was not merely a political ambition, but part of their vision as to how “real politicians” worked together in league with the “denizens of the otherworld”, so as to accomplish the Assumption. Hence why Parvulesco held Putin’s Russia to be so important. Hence why, no doubt, Abellio tried to make contact with the Soviets to enable this New Europe, which indeed has come about largely under Putin’s presidency.

As mentioned, for Guy Patton, Abellio and Parvulesco were largely Fascists, who abused newly created myths like that of the Priory of Sion, to exert their influence, make money and group power. But that, of course, is merely one interpretation. Take the literature of the Priory and its creator Pierre Plantard and we find that he was close to De Gaulle’s regime. Plantard was in fact responsible for running part of De Gaulle’s “terrorist cells” in Paris when De Gaulle was trying to get to power. Then, Plantard used the Priory to create an ideology that saw a unified Europe, from the East to the West, and it is clear that those involved in the promotion of the Priory later spoke of the importance of Francois Mitterrand.
The Priory is indeed a fabricated myth, a non-existent secret society. But it is equally clear that those involved (Plantard) and those that could be linked with it (Abellio, and to some extent Parvulesco), had genuine convictions of what a future Europe should be. It is equally clear that their interest in Marian apparitions was genuine, and that they saw them as divine guides along the path that Europe had to walk to its future and its next stage, its assumption. And as Parvulesco pointed out: it depends whether you believe in coincidences or not. If not, then you will argue that the major political events of the past century are but tangentially related to the messages received from these apparitions and which are subsequently shuttled to the Vatican (to some extent, together with the British queen, the only priest-king ruling in Europe at the moment). If you do believe that coincidences have meaning, then it is clear that this New Europe is slowly emerging.

In the 1980s, Parvulesco reviewed a strange novel, “La boucane contre l’Ordre Noir, ou le renversement”, by one “Father Martin”, who had already published “livre des Compagnons secrets. L’enseignement secret du Général de Gaulle”. For an avowed Gaullist, Parvu was obviously in his element. The novel itself has certain common points with one volume of the tetralogy of Robert Chotard, “Le grand test secret de Jules Verne”. Both books speak of a “reserved region” in Canada, from where there is a conspiracy directed to change the world’s climate. The base is controlled by the sinister “Black Order” and aims to create a pole reversal – a theme also explored by Jules Verne. We can only wonder whether the stories of HAARP – set in nearby Alaska – might be inspired, or reflective, of this. But it is here that we see the final framework of their political ambition: they saw their quest not so much as a desire, a longing, but as a genuine struggle of good versus evil: if a New Europe did not come, the “Black Order” would have won. And in the end, perhaps Abellio and Parvulesco should thus be seen as modern knights, fighting for Europe – a new Europe.

This article appeared in New Dawn, Volume 10, Number 11 (November - December 2008).

http://www.philipcoppens.com/abu_parv.html

vendredi, 26 juin 2009

Une littérature dans l'ombre: Jean Parvulesco

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Christopher Gérard

La Presse littéraire

(automne 2007)

 

Entretien avec Jean Parvulesco

Une littérature dans l'ombre: Jean Parvulesco

 

Etrange et attachant personnage que cet écrivain mythiquement né à Lisieux en 1929, compatriote d'Eliade, ami d'Abellio (voir son essai Le Soleil rouge de Raymond Abellio, Ed. Trédaniel) comme de Dominique de Roux, lecteur de Bloy, Meyrink, Lovecraft. De Jean Parvulesco un expert ès clandestinité tel que Guy Dupré a pu écrire qu’il témoignait de "l'entrée du tantrisme en littérature". Et en effet, chacun des romans de Jean Parvulesco peut aussi être lu comme un rituel de haute magie. C'est dire si l'œuvre reste dans l'ombre, d'autant que son auteur ne mâche pas ses mots sur notre présente déréliction. A ses vaticinations qui prédisent sans trembler un cataclysme purificateur Parvulesco ajoute des visions géopolitiques d'une troublante acuité. Avec une habileté démoniaque, l'écrivain passe d'un registre à l'autre, tantôt aux lisières du burlesque (camouflage?), tantôt prophétique - et toujours servi par une écriture hypnagogique. Alors que je lui demandais il y a une douzaine d'années de se définir, il me répondit: "je suis un combattant dépersonnalisé de l'actuelle montée impériale grand-continentale". Eternel conjuré, Jean Parvulesco est surtout un infatigable travailleur: il signe aujourd'hui son dixième roman depuis 1978, parmi lesquels le mythique Les Mystères de la Villa Atlantis (L'Age d'Homme), qui, avec tous les autres, forme une somme où l'ésotérisme et l'érotisme se mêlent au Grand Jeu. Fidèle au mot de son ami de Roux, Parvulesco aura appliqué Nerval en politique …et vice versa. L'homme a survécu aux camps de travail staliniens, s'est évadé d'une geôle titiste, a traîné ses bottes dans les décombres de Vienne, avant de suivre les cours de Jean Wahl à la Sorbonne, d'approcher Heidegger, Evola et Pound. Jean Parvulesco ou la littérature de l'extrême. Ses deux récents livres, publiés par Alexipharmaque, l'étonnante maison d'Arnaud Bordes, illustrent bien les obsessions de cet auteur qui incarne une tradition mystique et combattante. Le Sentier perdu nous fait rencontrer Ava Gardner et Dominique de Roux, tout en évoquant (invoquant?) Thérèse de Lisieux ou Leni Riefenstahl. Tout Parvulesco se retrouve dans ces couples improbables. Est-ce un journal, un essai sur le gaullisme révolutionnaire, un roman chiffré, un programme d'action métapolitique? Le sujet: la fin d'un monde en proie à la grande dissolution dans l'attente d'un embrasement cosmique. Une spirale prophétique, pour citer l'un de ses essais. Dans la Forêt de Fontainebleau se présente lui (faussement) comme un roman stratégico-métaphysique sur le rôle messianique de la France, clef de voûte du bloc continental, et du catholicisme comme unique voie de salut. J'ignore ce que pensent les évêques de ce catholicisme mâtiné de tantrisme et de tir au Beretta, mais après tout qu'importe. Parvulesco actualise enfin le mythe du Grand Monarque, en l'occurrence Louis XVI, miraculeusement sauvé du néant par une conspiration d'élus. Rites érotiques et meurtres rituels, cisterciens et barbouzes, Versailles et le Vaucluse: pas un temps mort dans ce roman sans pareil!

 

Entretien avec Jean Parvulesco

Propos recueillis par Christopher Gérard

 

Christopher Gérard: En première ligne sur le front des Lettres depuis trente ans au moins, vous vous revendiquez d'une "nouvelle littérature grand-européenne fondée sur l'Etre". Comment définissez-vous ce combat d'hier et d'aujourd'hui?

 

Jean Parvulesco: Je pense que l'heure est vraiment venue pour reconnaître qu'en réalité toutes les littératures européennes ne constituent qu'une seule grande littérature, expression d'une même civilisation et d'un même destin, d'une même prédestination. Avec l'avènement et l'affirmation de l'oeuvre visionnaire de Martin Heidegger, la civilisation européenne s'est vue rappelée à l'ordre, sommée de se tourner à nouveau vers l'être, comme lors de ses origines antérieures, polaires et hyperboréennes. Origines premières que l'on a totalement oubliées dans les temps plus récents, avec les troubles profonds et les effondrements de l'actuelle dictature du non-être.

Certes, à présent le grand renouveau ontologique et suprahistorique pressenti par les nôtres est encore à peine visible, maintenu encore dans l'ombre, mais déjà engagé irréversiblement à contre-courant par rapport à la situation du désastre actuel de la civilisation européenne sur le déclin, menacée à terme d'une extinction définitive.

Aujourd'hui, en apparence tout au moins, le spectacle des actuelles littératures européennes est donc celui d'une insoutenable désolation, d'une soumission inconditionnelle aux abjectes exigences  de notre déchéance acceptée comme telle. Mais, en réalité, sous les amoncellements écrasants des pesanteurs de l'état antérieur d'assujettissement au non-être, le feu du nouvel état, du nouveau renouvellement annoncé, brûle, dévastateur, qui très bientôt, va l'emporter. A condition que nous autres, de notre côté, nous soyons capables de faire le nécessaire, de forcer le destin. De faire ce qu'il nous incombe de prendre sur nous, révolutionnairement, pour que le grand renversement final puisse se produire dans les temps et dans toutes les conditions requises. Pour que la Novissima Aetas se laisse venir. Car tel s'avère être, en fin de compte, le mystère de la délivrance finale, que tout dépend de nous.

Cependant, la situation encore indécise des groupes, des communautés et des instances actives, des personnalités de pointe qui incarnent l'actuelle offensive du "grand renouveau" occultement déjà en cours, fait que ceux-ci doivent se maintenir, pour un certain temps, dans l'ombre, n'avancer que souterrainement. Mais cela va bientôt devoir changer. A mesure que nous allons pouvoir sortir de l'ombre, les autres vont devoir y entrer.

 

Comment vous situez-vous sur cette actuelle "ligne de front"?

 

En premier lieu, ces derniers vingt ans, j'ai écrit une trentaine d'ouvrages de combat, dont dix grands romans d'avant-garde "engagés en première ligne". Des romans faisant partie, dans leur ensemble, d'un cycle arthurien de douze titres. A présent, il me reste deux romans à publier, soit Un Voyage en Colchide, dont je viens de terminer la rédaction finale, ainsi que le dernier ouvrage du cycle de douze, dont, pour le moment, je ne pense pas pouvoir révéler le titre. Bien sûr, j'ai eu, pendant tout ce temps, et j'ai encore en continuation d'autres activités, dont je ne pense pas non plus pouvoir parler ici. Question de cloisonnement: on me guette au tournant, sûr.

 

Quelles ont été les grandes lectures, celles qui ont le plus contribué à votre évolution créatrice?

 

Je commencerai par le Gobineau des Pléiades. Ensuite, le groupement des occultistes anglo-saxons, Bram Stoker, Bulwer-Lytton, Arthur Machen, Algernon Blackwood, Dennis Wheatley, John Buchan, Talbot-Mundy. Et aussi Maurice Leblanc, Gustav Meyrink, Raoul de Warren, Henri Bosco, André Dhotel, Biély, Boulgakov. Ainsi que les plus grands, Ezra Pound, Joyce, Hamsun, Heidegger, Céline, Heimito von Doderer. Et René Daumal, Drieu la Rochelle, Raymond Abellio, Guy Dupré.

Je dois vous avouer que j'ai beaucoup et très vivement apprécié votre roman Maugis (L'Age d'Homme), sur lequel je me suis réservé le droit de faire un important article, livrer toutes les raisons, y inclus les plus cachées, de la fascination obstinée que ce roman n'a pas fini d'exercer sur moi.

Je citerai aussi les romans de David Mata, et surtout son Hermann que viennent de publier, à Pau, les éditions Alexipharmaque, dirigées par Arnaud Bordes. Enfin, il me semble que je dois parler des activités des éditions DVX qui, dans le Vaucluse, se sont destinées à faire paraître, sous la direction de Guillaume Borel, toute une série de mes écrits inédits. Le dernier publié, en octobre prochain, s'intitule Six sentiers secrets dans la nuit. Il s'agit de critiques littéraires d'actualité, représentatives du combat de salut qui est le nôtre. Six instances de haut passage.

 

Que pensez-vous de la prochaine rentrée littéraire?

 

Une chose d'une inconcevable saleté, d'une nullité totale, d'un exhibitionnisme à la fois éhonté et sans doute inconscient. On est arrivé au dernier degré de l'imbécillité et de l'imposture avantageuse. Ce sont les derniers spasmes de l'assujettissement de l'être aux dominations du non-être. Le Figaro en date du 21 août 2007 consacre deux pages entières, dont une première en couleurs, à la "rentrée littéraire en vingt titres". On y lit: Olivier Adam, A l'abri de rien, "Olivier Adam se met dans le peau d'une femme à la dérive, qui abandonne son mari et ses deux enfants pour aide aux réfugiés clandestins". Et Mazarine Pingeot, "Une femme tente d'expliquer à son mari les raisons pour lesquelles elle a tué et congelé, à sa naissance, l'enfant qu'elle avait porté en secret". Et on annonce 727 romans de la même eau, qui seront publiés d'ici à la fin octobre. Il n'y a plus rien à faire, le dispositif en pleine expansion de l'aliénation anéantissante, de la prostitution suractivée de la conscience européenne que l'on nous impose, a atteint son but, ses buts. A telle enseigne que la rédaction du Figaro précise que "nous vous présentons ici vingt titres qui feront l'actualité, cela ne présage en rien de leur qualité littéraire".

 

Paris, août 2007

vendredi, 19 décembre 2008

Entretien avec A. Murcie et L. O. d'Algange

 

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Entretien avec André Murcie et Luc-Olivier d'Algange, éditeurs de Jean Parvulesco


propos recueillis par Hugues RONDEAU


Amateurs de prose et de vers ajourés, André Murcie et Luc-Olivier d'Algange ne partagent cependant pas l'éthylique détachement de Rimbaud ou la talentueuse indifférence d'Hölderlin.

Pour eux, la poésie est le flambeau de leur combat. Courageux ou téméraires, ils se dépensent sans compter pour la survie d'une petite maison d'édition, les Nouvelles Littératures Européennes. Sous ce label sont déjà parus une revue au parfum de la grande littérature, un roman de Luc-Olivier d'Algange (Le Secret d'or) et surtout un cahier d'hommage à Jean Parvulesco.

Trois cent quarante-quatre pages de témoignages et d'articles inédits font de ce volume, l'indispensable lexique de l'œuvre de l'auteur de La Servante portugaise.

Editer Parvulesco ou avoir opté pour la subversion par le talent.



- En prenant la décision d'éditer Jean Parvu­lesco, génial trublion du la littérature franco­phone, vous avez pris un risque certain. Poête et essayiste, géopoéticien aurait dit Kenneth White, écrivain re­belle et ésotériste inspiré, Parvulesco ouvre les yeux des prédestinés mais demeure inconnu du grand public. Votre initiative avait-elle pour but de le rendre populaire ?


- Luc-Olivier d'Algange: Je dois avouer que mon engouement pour les écrits de Jean Parvulesco est né de la lecture en 1984 de son Traité de la chasse au faucon. Il m'apportait la preuve attendue qu'une haute poésie était possible —et même né­ces­saire— dans cette époque pénombreuse où nous avons disgrâce de vivre. La dis­grâce, mais aussi, dirai-je, la chance ex­traordi­naire, car, en vertu de la loi des contrastes, c'est dans l'époque la plus déré­lictoire et la plus vaine que l'espoir nous est offert de connaître la joie la plus laborieuse et, dans sa splendeur absolue (Style), l'exaucement de la volonté divine.

Tel était le message que me semblait appor­ter la poésie de Jean Parvulesco. Or, sa­chant qu'André Murcie poursuivait une quête pa­rallèle à la mienne et qu'il envisa­geait en outre de lancer la revue Style, il m'a semblé utile de lui faire part de ma dé­couverte. C'est ainsi que dès le premier numéro, avec un poême intitulé Le Privi­lège des justes se­crets, Jean Parvulesco de­vint une voie es­sentielle de la revue Style. Celle-ci devait encore publier le vaste et fa­meux poème, Le Pacifique , nouvel axe du monde ainsi que le Rapport secret à la nonciature, qui est un admirable récit visionnaire sur les appari­tions de Medjugorge et de nombreux autres poèmes. Tout cela avant d'élargir encore son dessein, en créant les éditions des Nou­velles Littératures Européennes, et de pu­blier un Cahier Jean Parvulesco, récapitu­lation en une succession de plans de l'univers de Parvulesco, en ses divers as­pects, poétiques, philosophiques, esthé­tiques, architecturaux, cinématogra­phiques ou politiques.


- André Murcie: En effet et ceci répond de façon plus précise à votre question, il est clair que Parvulesco va à contre-courant de ses contemporains. Jean Parvulesco n'est en aucune façon un spécialiste. Il est, au con­traire, de cette race d'auteurs qui font une œuvre, embrassement de l'infinité des appa­rences et de cette autre infini qui est der­rière les apparences. C'est là la diffé­rence soulignée par Evola entre «l'opus», l'œuvre, et le «labor», le labeur. Avec Par­vulesco, nous sommes aux antipodes d'un quelconque «travail du texte», c'est à dire que nous sommes au cœur de l'œuvre et même du Grand œuvre, ainsi que l'illustre d'ailleurs le premier essai, publié dans le Cahier dans la série des dévoilements: Al­chimie et grande poésie.

Ce texte est sans doute, depuis les De­meures philosophales de Fulcanelli, l'approche la plus lumineuse de ces ar­canes et tous ceux qui cherchent à préciser les rapports qui unissent la création litté­raire et la science d'Hermès trouveront, sans nul doute, en ces pages, des informa­tions précieuses et, mieux que des informa­tions, des traces - au sens où Heidegger di­sait que nous devions mainte­nant nous in­terroger sur la trace des Dieux enfuis.

Pour Jean Parvulesco, il ne fait aucun doute que la lettre est la trace de l'esprit. C'est ainsi que son œuvre nous délivre des idolâ­tries du Nouveau Roman et autres lit­téra­tures subalternes qui réduisent les mots à leur propre pouvoir dans une sorte de res­sassement narcissique. Pour Jean Parvu­les­co, la littérature n'a de sens que parce qu'el­le débute avant la page écrite et s'achève a­près elle.


- Il est signicatif que ces propos sur l'alchimie soient, dans le même chapitre du Cahier, sui­vis par un essai intitulé: «La langue fran­çaise, le sentier de l'honneur»...


- Luc-Olivier d'Algange: Trace de l'esprit, trace du divin, la langue française retrouve en effet, dans la prose ardente et limpide de Jean Parvulesco, sa fonction oraculaire. Ses écrits démentent l'idée reçue selon la­quelle la langue française serait celle de la com­mune mesure, de la tiédeur, de l'anecdote futile. Jean Parvulesco est là pour nous rap­peler que dans la tradition de Scève, de Nerval, de Rimbaud, de Lautréa­mont ou d'Artaud, la langue française est celle du plus haut risque métaphysique.

«Langue de grands spirituels et de mys­tiques, écrit Jean Parvulesco, charitable­ment emportés vers le sacrifice permanent et joyeux, d'aristocrates et de rêveurs pré­destinés, faiseurs de nouveaux mondes et parfois même de mondes nouveaux, langue surtout, de paysans, de forestiers conspi­ra­teurs et nervaliens, engagés dans le chemi­nement de leurs obscures survi­vances trans­cendantales, occultes en tout, langue de la poésie absolue...».

C'est exactement en ce sens qu'il faudra comprendre le dessein littéraire qui est à l'origine du Cahier - véritable table d'orien­tation d'un monde nouveau, d'une autre cul­ture, qui n'entretient plus aucun rapport, même lointain, avec ce que l'on en­tend or­dinairement sous ce nom. Car il va sans dire que la «Culture» selon Parvu­lesco n'est cer­tes pas ce qui se laisse asso­cier à la «Com­mu­nication» mais un prin­cipe, à la fois sub­versif et royal, qui n'a pas d'autre but que d'ou­trepasser la condition humaine.

Tel est sans doute le sens du chant intitulé Les douzes colonnes de la Liberté Absolue que l'on peut lire vers la fin du Cahier: «...que nous chantons, que nous chantons, par ces volumes conceptuels d'air s'appelant étangs, ou blancs corbeaux, au­tour de l'im­maculation des Douzes Co­lonnes, ver­tiges s'ou­vrant sur les Portes d'Or et indigo de l'At­lantis Magna, chu­chotement circu­laire et lent, je suis la Li­berté absolue».

L'œuvre doit ainsi accomplir, par une in­time transmutation, cette vocation surhu­maniste, qui, dans la pensée de Jean Par­vulesco, ne contredit point la Tradition, mais s'y inscrit, de façon, dirai-je, clandes­tine; toute vérité n'é­tant pas destinée à n'importe qui. Mais c'est là, la raison d'être de l'ésotérisme et du secret, qui, de fait, est un secret de nature et non point un secret de convention.


- Vous avez donné une large place dans le Cahier aux rêves et prémonitions métapoli­tiques de Jean Parvulesco.


- André Murcie: En ce qui concerne le do­maine politique, nous avons republié dans le Cahier, un ensemble d'articles de géopo­li­tique que Parvulesco publia naguère dans le journal Combat et qui eurent à l'époque un rententissement tout à fait extraodi­naire. Ce fut, à dire vrai, une occasion de polé­mi­ques furieuses. A la lumière d'évènements récents, concernant la réuni­fication de l'Alle­magne, les change­ments intervenus à l'Est, ces articles re­trouvent brusquement une actualité brû­lante. Il semblerait que seul ce­lui qui expé­rimente les avènements de l'âme soit des­tiné à comprendre les évè­nements du monde. Ainsi des études comme L'Allemagne et les destinés actuelles de l'Europe ou en­co­re Géopolitique de la Mé­diterranée occiden­tale donnent à relire les évènements ulté­rieurs dans une perspec­tive différente.


- Le Cahier s'enrichit aussi des reflexions peu banales de Parvulesco sur le cinéma.


- Luc-Olivier d'Algange: Je crois que nous mesurons encore mal l'influence de Jean Par­vulesco sur le cinéma français et euro­péen. On sait qu'il fut personnage dans cer­tains films de Jean-Luc Godard - en parti­cu­lier dans A bout de souffle, et qu'il fut aussi, par ailleurs, acteur et scénariste. A cet égard, le Cahier contient divers témoi­gnages passionnants concernant, plus par­ticulière­ment, Jean-Pierre Melville et Wer­ner Schrœ­ter dont nul, mieux que l'auteur des Mystères de la villa Atlantis, ne connait les véritables motivations.

Il nous propose là une relecture cinémato­graphique dans une perspective métapoli­ti­que qui dépasse de toute évidence les niai­se­ries que nous réserve habituellement la cri­tique cinématographique.


- André Murcie: L'intérêt extrême des té­moignages de Jean Parvulesco concernant l'univers du cinéma est d'être à la fois en pri­se directe et prodigieusement lointain. C'est à dire, en somme, de voir le cinéma de l'in­térieur, comme une vision, en sympa­thie pro­fonde avec le cinéaste lui-même, et non point telle la glose inapte d'un quel­conque cinéphile. C'est ainsi que Nietzsche ou Tho­mas Mann parlèrent de Wagner.


- D'autres textes, publiés dans ce Cahier ont également cette vertu du témoignage direct, qui nous donne à pressentir une réalité sin­gulière. Ainsi en est-il des récits portant sur Arno Brecker et Ezra Pound.


- Luc-Olivier d'Algange: J'ai été pour ma part très sensible à l'hommage que Jean Par­vulesco sut rendre à Ezra Pound dont Dominique de Roux disait qu'il n'était rien moins que «le représentant de Dieu sur la terre». Hélas, cette recherche de la poésie absolue était jusqu'alors mal comprise, li­vrée aux maniaques du «travail du texte» et autres adeptes du lit de Procuste, acharnés à faire le silence sur les miroitements ita­liens de l'œuvre de Pound.

Cette italianité fit d'alilleurs d'Ezra Pound une sorte d'apostat, alors que, par cette fidé­lité essentielle, il rejoignait au contraire, au-delà des appartenances spéci­fiantes, sa véri­table patrie spirituelle qui, en aucun cas ne pouvait être cette contrée où Edgard Poe et Lovecraft connu­rent les affres du plus impi­toyable exil.

Mais je laisse la parole à Jean Parvulesco lui-même: «Ce qu'Ezra Pound, l'homme sur qui le soleil est descendu, cherchait en Italie, on l'a compris, c'est le Paradis. Tos­cane, Om­brie, Ezra Pound avait accédé à la certi­tude inspirée, initiatique, abyssale, que le Para­dis était descendu, en Italie, pen­dant le haut moyen âge et que, très occul­tement, il s'y trouvait encore. Pour en trou­ver la passe in­terdite, il suffisait de se lais­ser conduire en avant, aveuglément - et nuptialement aveu­glé - par la secretissima, par une cer­taine lu­mière italienne de tou­jours ».


Propos recueillis

par Hugues Rondeau.


Cahier Jean Parvulesco, 350 pages, Nouvelles Littératures Européennes, 1989.


Luc-Olivier d'Algange, né en 1955 à Göttingen (Allemagne) a publié :


Le Rivage, la nuit unanime (épuisé)

Médiances du Prince Horoscopale (Cééditions 1978)

Manifeste baroque (Cééditions, 1981)

Les ardoises de Walpurgis (Cahiers du lo­sange, 1984)

Stances diluviennes (Le Jeu des T, 1986)

Heurs et cendres d'une traversée lysergique (Le Jeu des T, 1986)


Co-fondateur, avec F.J Ossang, de la revue CEE (Christian Bourgois éditeur)

Rédacteur de PICTURA EDELWEISS et PIC­TURA MAGAZINE


Textes parus dans :

Recoupes; Erres; L'Ether Vague; CEE; Encres Vives; Phé; Libertés; Sphinx; Evasion; Le Mi­roir du Verbe; Dismisura; Bunker; Le Cheval rouge; Devil-Paradis; Anthologie de la poésie initiatique vivante; Claron; Le Jeu des Tombes; Question de; Vers la Tradition; La Poire d'Angoisse; Camouflage; Strass-Polymorphe; Phréatique, Asturgie-Onirie; Pictura; Mensuel 25; Matulu, Place royale, L'Autre Monde.


André Murcie né en 1951


- Poèmes de poésie (1967-1985)

- Poème pour la démesure d'André Murcie

- Poèmes de la démesure (Work in progress).

mardi, 05 août 2008

J. Parvulesco: J. Koizumi et le grand réveil du Japon

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Jean PARVULESCO

 

Junichiro Koizumi et le grand réveil du Japon

 

Il s'est donc en apparence définitivement refermé sur nous le formidable piège planétaire tendu par la conspiration mondiale des Etats-Unis et de ce qui se tient, dans l'ombre, derrière ceux-ci, saisissant dans ses mâchoires d'acier les nations de l'Europe grand-continentale et de l'Amérique Latine, dont la liberté vivante, le destin eschatologique et l'intégration politico-historique finale pourraient représenter très effectivement un péril absolument critique, un péril mortel pour le "grand dessein" en cours de l'impérialisme hégémonique américain, dont les préliminaires obscurcissent déjà l'horizon de la proche histoire mondiale à venir.

 

Cependant, alors que les nations encore libres de l'Europe de l'Ouest sembleraient avoir cessé de se débattre sous l'étreinte aliénante, dévastatrice, de la conspiration mondialiste à l'œuvre, des nations eurasiatiques grand-continentales, comme l'Inde et le Japon, viennent de se libérer de celle-ci, par leurs propres moyens, et de se donner —ou d'être en train de se donner—  un autre destin, fondé sur leur propre liberté reconquise.

 

Car ce qu'Atal Béhari Vaypajee à réussi à faire en Inde, Junichiro Koizumi se trouve en train de le faire, aussi, au Japon : l'un et l'autre portés démocratiquement au pouvoir par des immenses vagues de prise de conscience national révolutionnaire, n'ont pas un seul instant hésité, une fois au pouvoir, d'entamer abruptement le processus de libération intérieure de leur pays de sous l'emprise subversive extérieure de la conspiration mondialiste.

 

Ainsi se fait-il que, tout comme la "Nouvelle Russie" de Vladimir Poutine, l'Inde d'Atal Béhari Vajpayee et le Japon de Junichiro Koizumi, se retrouvent, à l'heure actuelle, ensemble, sur la ligne de front de l'ébranlement sismique abyssal poussant le "Grand Continent" eurasiatique à retrouver son être propre et sa prédestinée originelle, archaïque, ébranlement qui suscite, mobilise, assure et affirme les fondations actives du mouvement de libération impériale engageant, en profondeur, l'ensemble du "Grand Continent" eurasiatique en train de se réveiller, et qui finalement l'emportera.

 

Dans un fort important article intitulé "Les relations récentes entre la Russie et l'Inde", Gilles Troude, chercheur au DESC de la Sorbonne , écrit, dans Géostratégiques (Paris) de mars 2001 : " ... face au monde unipolaire dominé par la puissance écrasante des Etats-Unis, qui ne connaissent plus aucun rival non seulement sur le plan économique, mais aussi dans les domaines militaire et politique, ne s'oriente-t-on pas lentement vers un triangle stratégique Inde-Chine-Russie, seul capable de rivaliser avec la super-puissance qui se veut maîtresse du monde?".

 

"C'est ce que redoutent les spécialistes américains en affaires internationales, qui ont perçu les signes d'une coopération accrue entre la Russie , la Chine et l'Inde, et d'un sentiment croissant dans ces trois pays, spécialement après la campagne de bombardements de l'OTAN en Yougoslavie au printemps 1999, que la puissance américaine devait d'une manière ou d'une autre être tenue en échec. Bien que ces trois pays soient encore très loin de fusionner en un Axe eurasien anti-OTAN, ces analystes se disent inquiets du fait de l'apparition d'une menace potentiellement très grave : une alliance qui regrouperait environ deux milliards et demi d'êtres humains, une puissance militaire formidable et un stock impressionnant d'armes nucléaires —puisque l'Inde est maintenant officiellement une puissance nucléaire—  le ciment de cette coalition étant de contrer la domination globale de l'Amérique".

 

"Ce serait un désastre pour les Etats-Unis".

 

"Si ce tissu de relations progresse, a déclaré Charles William Maynes, président de la Fondation Eurasia , think tank basé à Washington, alors vous aurez le cœur continental du monde (heartland) —deux milliards de personnes en Chine et en Inde allié à la formidable puissance technologique que représente la Russie. Ce serait un désastre pour les Etats-Unis".

 

Et encore, Gilles Troude, tout en se méprenant sur le sens final de la situation politique propre, réelle, de la Chine actuelle et à venir, de la ligne de destin préconçue de celle-ci, qui l'exclut d'avance de l'unité, de la réintégration impériale grand-continentale eurasiatique, ne tient-il étrangement pas compte non plus dans ses analyses, du "grand réveil" national du Japon en train d'avoir lieu à l'heure présente. Dont le rôle apparaît déjà comme absolument décisif dans la mobilisation en cours d'un front grand-continental eurasiatique d'opposition politico-stratégique totale aux desseins de la conspiration mondialiste menée par Washington.

 

En réalité, c'est l'extraordinaire puissance vitale innée, profonde, secrète, du peuple japonais qui a rendu possible, et pu assurer l'avènement au pouvoir, à l'heure précise où il fallait que cela se fasse, de l'homme providentiel, du "concept absolu" qu'est Junichiro Koizumi, porteur charismatique du nouveau grand destin du Japon. Quelqu'un devait venir, et la volonté du peuple japonais a fait qu'il vienne.

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Avec Junichiro Koizumi, la loi providentielle se trouve une nouvelle fois vérifiée qui veut que les pays finissent toujours par trouver les dirigeants prédestinés qu'ils méritent, et cela est entièrement certain aussi pour Vladimir Poutine et sa "Nouvelle Russie", tout comme pour Atal Béhari Vajpayee et l' "Inde Terminale" en train d'émerger actuellement à la face de l'histoire.

 

Aussi est-il grand temps que l'on finisse par comprendre, en Europe, qui est réellement Junichiro Koizumi, et de quel grand destin révolutionnaire est-il porteur.

 

Junichiro Koizumi, porteur d'un nouveau destin pour le Japon

 

Junichiro Koizumi est en effet l'homme chargé par le destin —et par 75 % des Japonais— d'opérer les retrouvailles finales du Japon d'aujourd'hui avec l'histoire antérieure du "Grand Japon", l'homme chargé de renouer avec l'identité impériale du Japon, intemporelle, que l'on avait dû faire semblant de suspendre le 15 août 1945, le jour de la "capitulation".

 

Car il est chose désormais notoire que Junichiro Koizumi se fait ouvertement prévaloir de sa fidélité tout entière à la ligne nationale, traditionnelle et impériale de son prédécesseur et maître à penser, l'ancien premier ministre, membre aussi du PDL, Yasuhiro Nakasone (1982-1987), qui, le premier, avait osé briser le tabou démocratique concernant le temple shintoïste Yasukuni, à Tokyo, en s'y rendant en pèlerinage le 15 août 1985. Ce qui avait provoqué alors une vague de violences protestataires, menées en sous-main par les services secrets politiques de la Chine communiste, dans plusieurs pays de l'Asie ayant connu l'occupation japonaise. Car le temple shintoïste Yasukuni, à Tokyo, est le très haut sanctuaire de la mémoire nationale japonaise, le symbole suprême de son identité profonde, intacte, hors d' atteinte, qui ne tient compte en rien de la vaste campagne de désinformation montée par les Etats-Unis après la fin de la dernière guerre au sujet des "culpabilités" du Japon.

 

De son côté, Junichiro Koizumi avait déjà affirmé, à plusieurs reprises, lui aussi, sa ferme intention de se rendre, le 15 août 2001, anniversaire de la "capitulation" du Japon en 1945, au temple Yasukuni, pour participer aux cérémonies religieuses "en hommage à la mémoire des héros tombés pour la défense du Japon". Un geste dont la portée symbolique apparaît comme évidente de par elle-même, et d'une évidence décisive. Et irréversible.

 

Mais, en fait, c'est le 13 août qu'il s'y est rendu, essayant ainsi de relativement désinvestir la montée des protestations plus ou moins artificiellement soulevée par sa décision. Car les forces réunies de la réaction et du Front Rouge s'étaient en effet saisies de l'occasion pour lancer un tir de barrage intensif contre la décision du premier ministre Junichiro Koizumi de se rendre officiellement en pèlerinage au temple Yasukuni. Mais rien n'y fait. Tout comme rien n'avait pu le convaincre de revenir sur son décret autorisant  —et incitant—  que les manuels scolaires d'histoire adoptent des positions ouvertement "révisionnistes" au sujet des "responsabilités" du Japon lors de la dernière guerre.

 

Situé au centre de Tokyo, près du Palais Impérial, sur la colline du Kudan, le temple shintoïste Yasukuni est en effet consacré à la mémoire des 2,5 millions de combattants japonais tombés face à l'ennemi, dont les âmes —y inclus celles des treize "criminels de guerre"— ou soi-disant tels— pendus par les Forces Américaines d'occupation, avec, en premier lieu, le général Hideki Tojo, le premier ministre de l'empereur Hirohito— s'y trouvent rassemblées, dans l'invisible, autour du miroir liturgique, suprêmement sacré, qui en constitue le pivot cosmique. Yasukuni est, dans l'invisible, une immense mer d'âmes en perpétuelle réverbération, veillant sur l'Empire.

 

Il est tout à fait certain qu'une majorité décisive de Japonais estiment que leur pays à été, lors de la dernière guerre, la victime d'un complot concerté, de dimensions planétaires, mené par les Etats-Unis, qui visaient à interdire la présence effective du Japon en Asie et dans le Pacifique; face à quoi, le Japon n'a rien fait d'autre que de se battre pour sa survie, aux abois, dans les termes d'un combat à la fois final et total. Dont on connaît la conclusion apocalyptique de Hiroshima et de Nagasaki.

 

Dans les dépendances du temple Yasukuni, un musée consacré à la mémoire nationale japonaise présente actuellement une grande exposition officielle intitulée "Comment nous avons combattu" (en anglais, "La guerre et les soldats du Japon"), exposition dont le témoignage fondamental est axé sur le souvenir des milliers de kamikazes ayant offert leurs jeunes vies pour la sauvegarde de l'Empire. "Rendez-vous à Yasukuni !", s'écriaient-ils en s'envolant pour le sacrifice suprême. Dans le film qui en montre les exploits héroïques, surhumains —divinisants, en termes de shintoïsme— on affirme : "Beaucoup de gens pensent que, dans la guerre d'il y a cinquante ans, le Japon avait été gravement dans son tort: cela est absolument faux. Ainsi le procès de Tokyo est-il nul et non avenu. Le commandant en chef de nos Armées, le général Hideki Tojo a été accusé de "crimes contre l'humanité" et pendu par les Forces Armées d'occupation, les Etats-Unis ayant été les seuls à exiger sa condamnation à mort. Il est temps que le Japon se réveille! Il est grand temps que le Japon reconnaisse la vraie réalité de sa propre histoire! Japon, réveille-toi!".

 

On sait que la doctrine de gouvernement de Junichiro Koizumi se trouve être fort proche de la vision d'ensemble qui est celle de Shintaro Ishihara, élu, en 1999, gouverneur de Tokyo avec une écrasante majorité, "par un vote quasi-plébiscitaire sur des positions ultra-nationalistes, anti-américaines, ouvertement partisan de la transformation du "Corps de Défense" en une nouvelle grande Armée Japonaise, et auteur d'un livre de grand succès, "Le Japon qui sait dire non", ainsi que d'un roman aux thèses non-conformistes, "La saison du soleil" (Tayô no kietsu). Et l'on sait également que le groupe de jeunes idéologues et des intellectuels qui se tiennent actuellement derrière Junichiro Koizumi est mené au combat par le professeur Fujiuka Nobukatsu, de l'Université de Tokyo, dont la pensée se veut orientée vers la recherche renouvelante, révolutionnaire, des fondations cachées constituant la prédestination originelle du Japon, du "Grand Japon".

 

Quant au train des réformes totalement bouleversantes que le premier ministre Junichiro Koizumi compte imposer, d'urgence, au Japon, la formule décisive appartient au professeur de l'Université de Tokyo, Yoshiro Tanaka, qui déclarait, récemment, que ce que l'on attend de celui-ci, c'est "qu'il fasse la "Troisième Révolution", après celles de l'ère des Meiji, et de l'après-guerre de 1945". Car, ainsi que nous en avertit Heizo Takenaka, ministre chargé de la politique économique dans l'actuel gouvernement de Junichiro Koizumi, "... si nous engageons maintenant les réformes qui s'imposent, nous devrons accepter aussi les douleurs qui s'ensuivront, et qui seront des plus grandes; mais, si ces réformes, nous les repoussions encore, cela peut nous mener directement à la mort". Car telle est, aujourd'hui, dans sa réalité immédiate, et la plus profonde, la situation socialo-économique du Japon qui, en fait, se trouve au bord du gouffre. Contrairement à toutes les apparences, et c'est bien ce qu'il faut quand même ne pas ignorer. Car des anciennes pesanteurs dissimulées sont à présent venues à échéance, et coûte que coûte il faudra faire face.

 

Le recours salvateur aux Forces Armées

 

Cependant, outre le train de réformes qui devront bouleverser de fond en comble les actuelles infrastructures politico-administratives et économiques du Japon, ce qui équivaut, en effet, à une rupture intérieure comme celle qui s'était produite à l'ère des Meiji, Junichiro Koizumi nourrit aussi —et sans doute surtout— le "grand dessein" de redonner aux Forces Armées nationales la place qui doit être fondamentalement la leur, c'est-à-dire tout à fait la première dans la configuration politico-historique du pays ayant retrouvé son propre centre de gravité en lui-même, hors de tout assujettissement, hors de toute ingérence ou domination étrangères.

 

Même si, pour cela, il faudrait que Junichiro Koizumi parvienne à faire réviser l'actuelle Constitution japonaise, dont le fameux "article 9" interdit au Japon de pouvoir disposer d'une "Armée Nationale". Or c'est bien ce à quoi Junichiro Koizumi est très fermement décidé à faire aboutir son action politique de gouvernement dont la clef de voûte est précisément constituée par le retour du Japon à son identité politico-militaire antérieure, avec tout ce que cela implique au niveau de la "grande histoire", des grandes décisions historiques et politiques immédiatement à venir, en Asie et dans le Pacifique et, aussi, dans le cadre des futurs choix du Japon par rapport à l'unité grand-continentale eurasiatique émergente.

 

Dans son retour qui n'est politiquement pas dépourvu de tout danger sur le coup même, mais qu'il entend poursuivre d'une manière tout à fait résolue, vers la reconstitution d'urgence des Forces Armées nationales du Japon, Junichiro Koizumi retrouve le mouvement fondamental de toute entreprise de salut et de délivrance nationale révolutionnaire face à la mainmise subversive, aliénante, des conspirations mondialistes et socialo-gauchistes d'infrastructure trotskiste —toujours "la réaction et le front rouge"— qui détiennent aujourd'hui très effectivement le pouvoir politique, économico-social et culturel partout dans le monde. En se tournant, comme il est en train de le faire, vers les Forces Armées nationales du Japon, Junichiro Koizumi ne fait, à son tour, que ce qu'avait fait Vladimir Poutine en Russie, Atal Béhari Vajpayee en Inde et Vojislav Kostuniça en Serbie, ce que tente de faire, souterrainement, à l'heure actuelle, Silvio Berlusconi en Italie: le recours aux Forces Armées est, toujours, la toute dernière chance des instances persistantes de l'Être en train de succomber aux manœuvres d'encerclement, de pénétration intérieure et d'anéantissement menées par les agences d'investissement et de désappropriation du non-être en marche vers l'établissement final de l'anti-monde et de l'Anti-Empire d'au-delà de la fin.

 

Et c'est ainsi que l'entreprise de redressement national révolutionnaire de Junichiro Koizumi, actuellement en cours, appartient déjà, en fait, au vaste front contre-stratégique grand-continental eurasiatique  —et latino-américain aussi— d'opposition désormais irréversible à l'entreprise de subversion anti-historique accélérée poursuivie par la conspiration planétaire "mondialiste" au service de la "Superpuissance Planétaire" des Etats-Unis et de ce qui se tient caché derrière ceux-ci.

 

Car, en tout état de cause, il faudra comprendre que le retour de Junichiro Koizumi vers le recours aux Forces Armées représente, aussi, la décision sous-entendue —mais désormais sans retour— de l'éloignement et, à terme, de la rupture du pacte d'assujettissement implicite —à la fois sur le plan militaire, économique et idéologico-culturel— du Japon à l'égard des Etats-Unis, et, de par cela même, sa nouvelle orientation fondamentale, d'une part, vers l'Asie et le Pacifique et, d'autre part, vers le "Grand Continent" eurasiatique, et vers sa future adhésion —déjà décidée—  à l'Axe grand-continental Paris-Berlin-Moscou.

 

Aussi dois-je faire état, à ce sujet, des confidences que vient de me faire Alexandre Douguine à la suite de son récent voyage officiel d'information au Japon, où il avait pu constater la très exceptionnelle attention avec laquelle des hautes instances politico-administratives du Ministère des Affaires Etrangères suivent aujourd'hui la marche en avant de certains projets européens grand-continentaux concernant la mise en situation, en premier lieu, de l'Axe Paris-Berlin-Moscou, projets auxquels le Japon serait disposé à apporter un soutien politico-diplomatique inconditionnel et suractivé: pour le Japon, la prolongation —et l'achèvement— de l'axe grand-continental européen Paris-Berlin-Moscou jusqu'à New Delhi et Tokyo constitue déjà une nécessité allant de soi, inéluctablement. De toutes les façons, pour aussi confidentielles qu'elles puissent se vouloir momentanément, la présence économique active et l'assistance politico-militaire du Japon en Inde est désormais une réalité de laquelle on ne saurait en aucun cas pas ne pas tenir compte d'une manière fort significative. Des grandes choses décisives sont en train de se passer là-bas, souterrainement, entre Tokyo et New Delhi, dont les conséquences ne tarderont pas d'agir en profondeur. Le tout sans doute à l'instigation, ou tout au moins avec l'aval agissant de Moscou, Vladimir Poutine s'y trouvant personnellement engagé dans la suite de cette entreprise de l'ombre: c'est la grande géopolitique, il faut le comprendre, qui constitue les fondements dissimulés de l'histoire en marche. Aujourd'hui comme hier.

 

Le tracé mystique de nos futurs combats

 

Tout concourt donc à prouver, déjà, que l'usage qu'entend faire Junichiro Koizumi du pouvoir qui vient de lui être démocratiquement confié par le peuple japonais, sera celui d'une reprise politico-historique révolutionnaire totale des destinées profondes de celui-ci, ouvertement reconnues comme telles ou ne fut-ce que partiellement tenues encore pour secrètes. Car il y a une eschatologie occulte de l'histoire nationale japonaise, dont les horizons intérieurs s'ouvrent à une double intelligence, à la fois supra-historique et cosmique, de ce monde-ci à son terme et de son au-delà caché: c'est ce qui constitue la véritable force supra-historique collective du Japon, et c'est aussi ce qui fait que le Japon s'identifie lui-même, totalement, à la conscience transcendantale commune de l'ensemble des peuples du "Grand Continent" eurasiatique, réunis dans la certitude visionnaire, préontologique, de la dimension fondamentalement eschatologique de l'histoire dans son ensemble final. La conscience archaïque commune, abyssale, des peuples du "Grand Continent" eurasiatique considère l'histoire comme le lieu même du salut supra-historique de la fin d'au-delà de la fin, la sainteté suprême étant, pour ces peuples, celle de l'héroïsme des combattants humains et suprahumains devant conduire à cette fin et au-delà de cette fin.

 

Aussi la réunification politique —la réintégration— grand-continentale eurasiatique mise actuellement en piste par le projet de l'axe contre-stratégique Paris-Berlin-Moscou-New Delhi-Tokyo devra-t-elle se trouver dédoublée, en profondeur, par une nouvelle prise de conscience commune quant à l'identité de la prédestination spirituelle, polaire, de l'ensemble des peuples de l'espace impérial eurasiatique. Or l'avènement de cette prise de conscience spirituelle, à la fois impériale et polaire eurasiatique, c'est ce que va constituer, désormais, la tâche des combattants idéologiques pour la plus Grande Europe et de leurs engagements politico-historiques de haut niveau. Une grande mystique combattante vient ainsi d'être née, qui à présent est en cours de développement révolutionnaire, "destinée à changer la face du monde".

 

Dans ce développement en cours, la part des "groupes géopolitiques" va devoir être des plus décisives: en effet, s'il y a une nouvelle prise de conscience civilisationnelle de dimensions grand-continentales eurasiatiques, ce sera en premier lieu aux "groupes géopolitiques" que celle-ci sera due, à leurs engagements héroïques de la période nocturne de la clandestinité, à leur travaux d'agitation, d'affermissement et d'affirmation révolutionnaire suractivée qu'ils devront livrer, à présent, en plein jour, une fois que la doctrine de la libération grand-continentale sera ouvertement appelée à devenir la volonté agissante de l'ensemble des peuples appartenant à l'espace originel d'une même communauté d'Être polaire et de destin eschatologique final.

 

Dans l'immense bataille révolutionnaire qui s'annonce pour une nouvelle prise de conscience historique commune de l'espace intérieur eurasiatique, les "groupes géopolitiques" seront donc les cellules de base de la marée montante de l'éthos vivant, de la conscientisation en marche vers le changement total, vers la transfiguration finale d'une civilisation à prédestination apocalyptique: la grande heure des "groupes géopolitiques" sera venue quand l'unité d'être de l'ensemble grand-continental eurasiatique sera reconnue comme la suprême valeur agissante de sa propre histoire terminale, en même temps que de sa propre histoire recommencée.

 

D'autre part, d'une manière plus concrète, plus immédiatement objective, il est tout à fait certain que, dans l'état actuel des choses, ce dont nous aurons le plus besoin, c'est d'un certain nombre de centres d'études, de recherches et de documentation (CERD) visant les profondeurs en même temps que réellement exhaustifs quand à leurs objectifs propres, d'un certain nombre de "foyers de rayonnement" au service de notre connaissance active, à jour, de la situation et des réalités actuelles de l'Inde, du Tibet et du Japon, de la partie à proprement parler asiatique du "Grand Continent", vers laquelle devront désormais se porter tous nos efforts de rapprochement, de réactualisation politico-historique et de ré-identification spirituelle de stade final avec ces peuples appartenant à la même communauté de destin profond.

 

D'ailleurs, le problème des relations continentales Europe/Asie n'est pas du tout nouveau. Déjà en 1940, dans son essai géopolitique aussi fondamental que décisif, Le bloc continental Europe Centrale-Eurasie-Japon, "imprimé mais non distribué", Karl Haushofer déplorait vivement l'absence flagrante, catastrophique, de centres européens d'étude et de recherches de haut niveau sur l'Inde, le Japon et l'Eurasie en général. Karl Haushofer pouvait cependant se féliciter de l'existence et des activités, à plusieurs égards exemplaires, de l'"Institut pour le Moyen et l'Extrême-Orient" de l'Italie mussolinienne, fonctionnant "sous la direction du Sénateur Gentile, de l'archiduc Tucci, du duc d'Avarna, fils de l'ancien ambassadeur d'Italie à la cour de Vienne".

 

Dans la situation d'émergence spéciale qui est la nôtre aujourd'hui, il faudrait donc qu'au moins six de ces Instituts pour le Moyen et l'Extrême-Orient soient installés d'urgence, deux en France, deux en Allemagne, un en Italie et un en Espagne. La Russie devant être, pour le moment, considérée à part, où plusieurs de ces genres d'Instituts existent déjà, et qu'il s'agirait alors plutôt de réorganiser, de restructurer et d'en intensifier les activités en cours d'une manière nouvellement significative.

 

Dans l'ensemble, la zone de problèmes concernant la Chine se devra d'être, cependant, étudiée à part, suivant une disposition d'esprit offensive, préventivement contre-stratégique. Car, située à l'intérieur de l'espace grand-continental eurasiatique, la Chine représente, pourtant, géopolitiquement, une tête de pont du monde "extérieur", "océanique". Relevant d'une vocation irréductiblement auto-centrée, la Chine se trouve de par cela même assujettie à l'"influence extérieure" des Etats-Unis et aux conspirations mondialistes anti-continentales, "océaniques", d'encerclement et d'investissement offensif du "Grand Continent" eurasiatique. La Chine se trouve préontologiquement engagée dans le camp ennemi du "Grand Continent", dans le "camp océanique" du Léviathan, du "non-être".

 

D'autre part, la rencontre finale entre les destinées spirituelles profondes de l'Europe et certaines prédestinations encore cachées de l'Asie se maintenant dans l'ombre ne trouvent-elles pas un domaine de jonction spécifique à travers des convergences ardentes qui s'imposent en matière de religion vivante, de religion en marche? N'est-ce pas dans l'invisible que viennent à se faire les grandes rencontres spirituelles, le Feu de l'Esprit ne se révèle-t-il pas irrationnellement dans les visions spéciales de ses élus secrets?

 

On sait que saint Maximilien Kolbe, le martyre d'Auschwitz, avait visionnairement pressenti le double cheminement de l'Inde et du Japon vers le catholicisme. Ayant lui-même séjourné au Japon, et notamment à Hiroshima et à Nagasaki —et l'on peut ainsi mieux comprendre les raisons du choix de ces deux villes pour cibles du feu nucléaire en août 1945, quand on sait qu'il s'agissait des deux villes catholiques du Japon— il y avait en effet acquis la certitude intérieure du grand avenir catholique du Japon.

 

En même temps, sans avoir pu réellement donner cours à son brûlant désir de se rendre personnellement comme missionnaire en Inde aussi, les relations personnelles de saint Maximilien Kolbe avec certains tenants de l'hindouisme initiatique l'avaient amené à penser la même chose de l'Inde: non pas dans les termes d'un raisonnement concerté, mais dans la perspective fondamentalement irrationnelle d'une vision spirituelle propre, d'une grâce de voyance à ce sujet, à laquelle il avait eu l'accès en tant que porteur d'une mission spéciale, ultérieure, décisive. Une mission occultement prophétique.

 

En ce qui concerne le Japon, il est vrai que le shintoïsme initiatique se prête à des rapprochements doctrinaux assez flagrants avec le grand catholicisme mystique. Dans la figure ensoleillante d'Amatarasu, ne pourrait-on pas distinguer une préfiguration enclose de l'Immaculée Conception? De même que les trois objets du culte impérial shintoïste —le "miroir", le "poignard" et le "joyaux"— pourraient également trouver des correspondances extrêmement révélatrices dans le catholicisme. Ainsi le "Miroir" —fondamentalement présent à Yasukuni— rappelle le Miroir du Cœur Immaculé de Marie, alors que le "Poignard" peut être identifié à l'Epée du Verbe Vivant. "Alors l'Impie se révèlera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, l'anéantira par la manifestation de sa Venue", II Th., II, 8. Et, quant au "Joyau", cette figure polaire, centrale, conduit au mystère nuptial suprême de l'Aedificium Caritatis. Il faut savoir oser pénétrer derrière le voile.

 

Car c'est bien dans cet horizon spirituel ultime qu'il fait situer l'actuelle tentative révolutionnaire entreprise et poursuivie par Junichiro Koizumi au Japon, pays secret s'il en fut. Toutes ses initiatives politico-administratives comportent un dédoublement spirituel occulte, un répondant immédiat sur le plan de l'invisible. C'est l'autre monde qui, aujourd'hui, agit au Japon, à des fins très hautes.

 

Jean PARVULESCO.

mardi, 29 juillet 2008

Sur "La Stratégie des Ténèbres" de J. Parvulesco

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Sur "La stratégie des Ténèbres" de Jean PARVULESCO

Un roman dangereux - un livre pour tous et pour personne

 

N'a-t- il pas été dit que Tout est Pur aux Purs? (Le RP Jean-René de Valsan à Liana Carducci)

 

Si je dirigeais un service politique ou une faculté de théologie  —mais des plus confidentielles—  parmi les textes et les livres auxquels je soumettrais mes hommes, car ce sont les livres qui nous soumettent et non l'inverse, je leur donnerais à méditer le dernier roman de Jean Parvulesco, La Stratégie des Ténèbres.

 

Roman d'espionnage, roman politico-stratégique, songe cinématographique, œuvre de haute magie et de hardiesse théologique tout à la fois… Mais ne me l'avait-il pas dit : C'est un roman dangereux… Oui, en effet, dangereux, mais, ceux qui veulent s'approcher du Salut, de la grande salvation, doivent aussi s'approcher du Danger. Toujours. Il n'est pas d'autre voie.

 

Dernier roman et assurément l'un des plus grands, sinon peut-être le meilleur. En effet, avec cet opus, Parvulesco monte au faîte de son art; l'ouvrage rejoint à mon avis son autre chef d'œuvre qu'était et que reste le songe de combat, L'Etoile de L'Empire Invisible.

 

Dans La stratégie des Ténèbres, le rythme de l'action et de l'écriture porte véritablement l'œuvre, les séquences nous entraînent les unes après les autres vers une horreur et un dévoilement aussi décisif qu'hallucinatoire, hallucinatoire car il s'agit de sortir du cauchemar dans lequel vit la France et, par delà, notre misérable condition humaine actuelle, bref on aura compris qu'il s'agit d'une vision salvatrice, peut-être de celle qui sauve, car si savoir, c'est pouvoir, savoir, c'est aussi avoir vu.

 

Le rythme donc, mais d'ailleurs tout l'ouvrage semble avoir été écrit pour le cinématographe… Ah ! Je rêve d'un réalisateur qui accepterait d'adapter La stratégie des Ténèbres!  Cet élément fondamental et essentiel de l'univers parvulesquien, comme souvent, est omniprésent dans l'œuvre, sur l'œuvre et au-delà de l'œuvre. C'est son écriture, qui le sous-tend mais aussi la comédienne Armande Béjan et son adaptation de la figure de Jeanne d'Arc, personnage qui hante le cinéma depuis Carl Theodor Dreyer  en passant par Robert Bresson.

 

Le cinéma donc : souvenez-vous des ambiances melvilliennes de L'Etoile de L'Empire invisible  quand Jean Parvulesco décrivait des zones banlieusardes d'un autre âge, sillonnées par des Citroën DS noires plus ou moins clandestines qui venaient s'y réfugier, des zones qui flanquaient sérieusement la trouille puisqu'elles interpellaient la longue disparition de nous-mêmes… que d'autres espaces, d'autres lieux; tout autant vénusiens que géopolitiques et eurasiens qui venaient suractiver et contre-attaquer jusqu'à la rupture même et l'éradication de la Balance; de tout Balance of Power…

 

Mais revenons à La Stratégie des Ténèbres, réussite du rythme et du découpage, où l'action se resserre, en France certes, mais aussi à l'extérieur du territoire. On retrouve, l'univers des Villas parisiennes, de Neuilly ou de Saint-Cloud, de ces Villas qui atteignent l'orée des Bois, du Bois de Boulogne notamment, ces villas où se jouent si souvent tout et rien, et c'est là une position des plus troublantes, ce “tout et rien”… De ces réceptions mondaines, plus ou moins sorties de l'univers d'Eric Rohmer  et donc de la vie parisienne elle-même; qui entremêle si bien cinéma et réalité, pour le meilleur et pour le pire.

 

Les héros du roman vont devoir contrer l'œuvre du Mal Absolu qui court sur le Territoire et qui ressere son emprise toujours plus fort, toujours au plus mal, le mal de la Malemort. J'aimerais dire combien les scènes qui entourent la fugue mystique de la comédienne Armande Bejan sont d'une grande, d'une très grande réussite, notamment quant à l'entrée en scène du Mal; et c'est un lecteur de Raoul de Warren et de Lovecraft qui vous le dit; c'est dire si je pèse mes mots. L'apparition du diable, d'un Satan sodomiste , abominablement repoussant et puant,  suintant à travers les pages même du livre, est un coup de maître, non teinté d'une certaine  dose d'humour, car à ce moment-là du livre on peut encore rire (surtout quand, comme moi, on croit reconnaître le jean-foutre qui a servi de modèle, ainsi que sa jeune victime; dont la vie deviendra une non-vie à partir du  moment de sa contre-initiation rectale, furibarde et diabolique, une errance d'écorce morte sera alors le lot du jeune Damanski…).

 

A propos de peur montante et environnante, c'est avec un talent, qui rejoint celui de Raoul de Warren, que Parvulesco nous plonge par la suite dans une inquiétude des plus vivaces quant au cœur du mal, qui ronge et qui grandit et notamment les campagnes du Pays de France… Il me vient des frissons face à une apparition maléfique d'une sarabande de sorcières hideuses; témoignage de la transe du Mal et de ses suppôts disséminés.

 

Mais après l'inquiétude et l'angoisse, le décor ainsi planté, c'est bel et bien l'horreur la plus noire, la plus abjecte, la plus totale qui vit et qui se joue —et contre laquelle vont décider de s'activer des hommes qui savent, que derrière la mise en place de la sexualité la plus déviante, la plus abjecte et inhumaine (contre laquelle Parvulesco développe toujours —et je dirais “contre-offensivement”; car l'homme n'est pas un bigot et connaît bien la Chair, une sexualité surhumaine, incandescente qui, dans les épanchements les plus sensuels et charnels, découvre le mystère de l'Incendium Amoris); car il s'agit bien des pires perversions, de la mutilation, de la destruction tortionnaire et totale des corps de jeunes filles voire de jeunes enfants, perversion  filmée, vomissant du chaos de monstrueux snuff-movies.

 

Perversions, mutilations et destructions “filmées”, disais-je: comprend-on donc bien l'enjeu de ce qui se joue là, du combat absolument irréductible et du signe qui nous est jeté, entre notre propre devenir et le devenir même d'un cinéma toujours plus nécrosé… Je ne veux en dire plus ici, mais je rappelle simplement que c'est par son film L'Argent que Robert Bresson a terminé son œuvre, à moins que ce ne soit l'argent et la mort, tous deux, ensemble, qui l'aient achevé…

 

Dans cette situation, les héros du roman vont passer à l'action;  ce qui va les amener à toute une série d'opérations  risquées afin de lutter contre ce mal absolument maléfique. Et c'est ici que Parvulesco apparaît comme un écrivain qui prend ses responsabilités à la différence de bien des baudruches qui flagornent ou qui se coupent totalement de notre contemporéanéité; funeste erreur pour un romancier. Ainsi, il incorpore le motif littéraire d'une sexualité à rebours de toute sexualité, d'une morbidité rampante et galopante  dont témoigne  ces pratiques monstrueuses, qui ne viennent pas de nulle part, car… nulle part c'est tout de même quelque part.

 

Le Néant et le Non-Etre sont donc localisables dans la géographie sacrée et dans la géopolitique mystique des romans de Jean Parvulesco, mais cette fois-ci, c'est le lieu du mal qu'il désigne.

 

L'auteur montre à travers l'action de ses héros que les abominations qui ensanglantent le territoire ainsi qu'une certaine jeunesse, sacrifiée dans les pires conditions et pour les pires conditions à venir, et ce, à travers des réseaux des plus criminels,  proviennent d'une action pensée et voulue par les forces du Néantissement, du Vomito Nero le plus noir.

 

Quelles sont-elles? Je ne veux ni ne peux le dire ici, mais, que l'on sache qu'Alexandre Malar et ses compagnons François d'Espart et le fameux Tony Richmont vont avoir recours à l'aide, à l'appui et au soutien méta-stratégique de Jean le Chardonnais, dont l'identité dogmatique a reçu sa vivification indo-christianique sur les Hauts Plateaux himalayens.

 

Ce Jean le Chardonnais, le bien nommé, anime le Mouvement Social Européen d'Empire, le MSEE, qui devra venir en aide au Département Evaluation Stratégie (DES) que nos compagnons représentent  avec l'appui, solitaire, du Président de la République.

 

Il faudrait encore signaler les présences de ces contre-feux méta-théologiques que sont le RP Valsan, jésuite des plus hétérodoxes, prêt à allumer le brasier d'une nouvelle théologie de la Chair aimante et irradiante, ainsi que l'influence et le corps d'enjeu que signale la présence de Raymond Abellio, lui aussi, foyer contre-stratégique dans la lutte contre le mystère d'Iniquité qui rampe et qui, en ces Temps, entend cesser sa reptation pour se dresser. Face à lui , il trouvera un autre Mystère, celui de l'Incendium Amoris et de ses fidèles, les Fidèles d'Amour (*).

 

Et ces Fidèles d'Amour, qu'il faut savoir toujours reconnaître dans la réalité triviale qui nous entoure, qui nous encercle toujours plus, sont ceux qui forment le groupe rejoint par Alexandre Malar; ces Fidèles d'Amour seront transfigurés par le combat contre l'«Homme noir à la tête d'insecte», épicentre ontique du Mal Absolu; ces Fidèles d'Amour, ne sont-ils pas les incarnations hohenstaufiques d'un certain Catholicisme marial et dantesque au service de «La Révolution Eurasiatique du Grand Renouveau Final», dont les bannières invisibles se gonflent du vent divin issu des Hauts Plateaux de l'Himalaya?

Fidèles d'amours vous disais-je!

Le vent souffle, où il veut.

 

Max STEENS

(Bruxelles, juillet 2003).

 

(*) (ndlr) Et ceux qui savent, parmi nous, reconnaîtront le leitmotiv cardinal de l'action, à la fois ouverte et souterraine, de René Baert, martyrisé par les Iniques, et de Marc. Eemans, condamné par les mêmes Iniques à l'errance éveillée, à un ostracisme cruellement dosé, où on l'a forcé à voir comment on tuait l'esprit de Dante et de Frédéric II de Hohenstaufen, auquel il a consacré un manuscrit, toujours inédit, mais qui attend son heure, pour lancer sa charge contre les hordes hurlantes du Non-Etre.

 

 

 

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